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BIBLIOGRAPHIE. 303
comme ceux que je viens de transcrire supposent sans doute
l'art qui les a perfectionnés, mais à coup sûr, il n'ont pu
être imaginés à l'aide de simples réminiscences littéraires.
M. Georg Temple a donc admirablement lu Werther à cet
endroit, il le relira trop souvent peut-être, au point de re-
douter l'imitation et de se rejeter par contraste vers des in-
ventions invraisemblables où ne seront pour rien ni son
imagination, ni son fin bon sens doucement sceptique et
moqueur.
Que peut bien faire dans une auberge du Rhin, pendant
vingt longues journées, ce spectateur que nous commençons
à connaître ? Précisons d'abord les dispositions qu'il y
apporte. Ce n'est pas un mélancolique d'un autre temps, un
René ou un Obermann, il ne laisse pas d'en tenir par certains
côtés. Un soir par exemple il a fait seul une longue prome-
nade, l'esprit le plus alerte ne peut sans cesse retrouver en
lui-même une source intarissable de force et de gaîté ; l'iso-
lement, la campagne, la jeunesse affaissent le corps sous je
ne sais quelles langueurs pénétrantes, il faut être triste et la
tristesse s'appellera ce soir le mal du pays :
« À force de marcher, j'arrivai enfin à une roule et je
« m'assis sur une borne pointue avec autant de plaisir que
« si c'eût été le plus doux siège. Quand je dis plaisir, je
« parle pour mes membres, car pour mon âme, elle se trou-
« vait, en vérité, très-malade. La nature lui semblait une
« marâtre, les hommes des animaux slupides, tous les ani-
« maux des bêtes féroces. Elle n'exceptait enfin de ses malé-
« dictions qu'un tout petit coin de terre dans un certain
« pays, une maison dont tous les murs, toutes les chambres
« sont connus, et dam laquelle vivent une bonne mère, une
« jolie sœur, une brave servante que ma pauvre âme aurait
« bien voulu embrasser en cet instant. Celle pensée fit même
« un tel effet sur moi, que je me mis à rire d'une joie pré-