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UL2 POÉSIE.
Disant ceci, Pierrot avise
Dans les airs un long train d'Hirondelles partant.
« Le moment est venu, ma foi j'en fais autant ! »
Il eut bientôt pris sa valise.
Le voilà donc piaillant, volant,
Criant, sautant, se trémoussant
Pour passer en terre étrangère.
Hélas ! Pierrot avait compté
Et sans son plumage écourté
Et sans l'aile vive, légère
De l'Hirondelle passagère.
Tremblant, perclus, souffrant, rendu,
Pierrot fut distancé, Pierrot s'était perdu.
Pierrot, Ã bout de tout courage,
Trouvait peu de charme au voyage,
Et, caché dans le trou d'un gros arbre pourri,
Regrettait vivement son noir et vieil abri.
« Si je pouvais au moins, revenant en arrière,
• Regagner la pauvre chaumière
D'où je voudrais n'être jamais sorti,
Par mon infortune averti,
J'y passerais ma vie entière ;
Et ma foi, bien fin il serait
Celui qui de partir un jour me forcerait. »
Ainsi Pierrot devenu sage,
Et tout honteux que lui, moineau
Eût agi comme un étourneau,
Reprit son vol vers son village.
Il y rentra tirant l'aile, brisé,
Confus, enfin faisant plus triste mine
Qu'une merlette de croisé
Revenant de la Palestine.
* Fou que j'étais ! dit-il, en regagnant son trou,
De poursuivre je ne sais où
Tant de biens que la Providence
Ici me donne en abondance.