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198                     Ï>U CULTK DE SAINT JEAN.
 enseigne même que quiconque porte sur soi de la sauge et de
l'armoise ne sent pas la fatigue en voyage. Eh bien, Pline nous
apprend que l'armoise, artemisia, la fleur d'Artémise ou Diane,
était une plante curative employée spécialement pour guérir les
maladies des femmes ; et nous retrouvons précisément chez lui
la superstition allemande : « Artemisiam alligatam qui habet
viator negatur lassitudinem sentire (1). »
    Nous retrouvons également dans Pline la condition qui exige
que la récolte des plantes ait lieu avant le lever du soleil. « Une
herbe quelconque, dit-il, qu'on a cueillie avant le lever du so-
 leil et sans être vu de personne, étant attachée au bras gauche,
 mais sans que le malade le sache, guérit la fièvre tierce. » Le
 samolus des Gaulois devait être cueilli par une personne à jeun,
 de même que le triticum repens (chiendent), dont les Romains
 superstitieux se servaient pour la guérison des panaris et des
 écrouelles. Or, Thiers, dans son Traité des superstitions, s'ex-
 prime ainsi : « Quelques-uns, pour se garantir de maléfices ou
 de charmes, vont cueillir, de grand matin, à jeun, sans avoir
 lavé leurs mains, sans avoir prié Dieu, sans parler à personne
 et sans saluer personne en chemin, une certaine plante, et la
 mettent ensuite sur la personne maléficiée ou ensorcelée. Ils
 portent sur eux une racine de chicjrée qu'ils ont touchée à ge-
 noux, avec de l'or et de l'argent, le jour de la nativité de saint
 Jean-Baptiste, un peu avant le soleil levé, et qu'ils ont arrachée
 de terre avec un ferrement et avec beaucoup de cérémonies,
 après l'avoir exorcisée avec l'épée de Judas Macchabée. \ Ou-
vrons encore Pline : il nous dira qu'avant de cueillir l'ellébore
noir (mélanpodion), la verveine, la mandragore, le séneçon,
dans le but de leur faire produire leurs merveilleux effets, on
traçait avec une épée un cercle autour de la plante.
   Nous avons vu qu'en Allemagne, le jour de la Saint-Jean, on
suspendait des racines d'armoise au-dessus de la porte de la
maison que l'on croyait préserver de tout mal par ce moyen :
les Romains , au printemps , faisaient garnir les portes et les

 (1) L'armoise est appelé populairement en France herbe de la Saint-Jean.