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134 PEINTURES MURALES.
se colore d'un doux incarnat. Quelle naïveté! quelle déli-
catesse! On reconnaît dans ce type expressif le génie du
dessin qui va chercher au fond de l'âme les impressions,
les sentiments, et les amène sur la face humaine.
Il n'est pas de jeune fille ou de captive volontaire du
cloître qui n'aime à puiser des leçons devant ce lis de
Juda que sa gloire confond et inquiète au lieu de l'exalter.
L'Ange est plein de dignité ; il s'agenouille respectueu-
sement en présence de cette Vierge bénie entre toutes les
femmes. On voit qu'il la reconnaît déjà pour la Mère du
Verbe. Cette figure ne le cède guère à la Vierge pour la
pureté des contours et la finesse de l'exécution. La tête de
l'Ange est magnifique : on se sent transporté dans le do-
maine des maîtres primitifs et on retrouve avec satisfaction
quelque ressouvenir de leur magique puissance à illumi-
ner une oeuvre du rayon divin.
La partie supérieure est occupée par le Père Eternel,
tenant la sphère du monde. L'Ancien des jours est peint
avec le caractère d'un vieillard, et de sa poitrine émane le
Saint-Esprit, qui couvre la Vierge de son ombre.
Dans l'abside de droite, saint Joseph expire entre Jésus
et Marie ; il est représenté assis, sans doute par un senti-
ment de délicatesse dicté par les convenances du lieu
saint.
Le peintre eût obtenu une combinaison de lignes plus
symétriques en plaçant le bienheureux mourant sur sa
couche d'agonie, et cette pose horizontale eût donné à la
composition quelque chose de la régularité du bas-relief, ce
qui fait bien dans le style monumental.
La tête du saint Patriarche a de l'expression, mais le
CHRIST pourrait avoir un caractère plus divin, et la Vierge
s'associer davantage à cette scène de douleur.
M. Tyr, surtout dans ce dernier sujet, nous semble trop
se servir des tons neutres et des demi-tons, ce qui donne Ã
son Å“uvre un aspect un peu monotone.
Bien qu'il soit dans les bonnes traditions de la peinture