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122 RECHERCHES SUR JEAN GROLIER.
Dans cet acte Jean Grollier nomme sa femme Renaude Fenoil et tous ses
enfants.Parmi eux figurent, comme légataires particuliers, Claude, conseiller
de ville et receveur de la ville (1521-22), etEustache, et comme légataires
universels, Estienne et Antoine Grollier. » Ce sont ces deux derniers qui
inaugurent avec leur frère Eustache la généalogie insérée par M. Le Roux
de Lincy, dans laquelle ne figure pas leur plus proche ascendant. Nous
voici loin de Gerome Grolier, gentilhomme de Vérone, et de la guerre des
Albigeois, et des alliances avec les maisons de Grimaldi et de Montmelas.
Ajoutons encore ce que l'on ne sait pas assez , c'est que ce ne fut
qu'en 1544, que fut enregistré ledit donné par Charles VIII, qui attacha
la noblesse à l'exercice du consulat lyonnais, sous la réserve de vivre noble-
ment. Cette condition fut incompatible avec l'exercice de tout espèce de
négoce, jusqu'à Louis XIII, qui étendit le prévilège aux échevins exerçant
le commerce en gros (mars 1638). Esiienne Grolier, père du bibliophile,
fortifia sa douteuse noblesse consulaire par l'acquisition d'une charge de
gentilhomme du duc d'Orléans ; il avait épousé, avant 1460, Antoinette
Esbaude (et non Esbarde), d'une famille assez peu relevée pour que son
nom ne se soit pas encore rencontré dans les registres consulaires contem-
porains, et mourut avant 1510. Comme héritier universel de son père, le
trésorier Jean Grolier constitua avec sa mère, « veuve de maistre Estienne
Grolier, en son vivant trésorier général de Milan, » au profit de l'Aumône
générale, une rente annuelle de 5 liv. tourn. (cnv. 75 fr.), hypothéquée
sur une maison « sise devant le portail de l'église N.-D. de la Plattière, »
(sans doute celle dont nous avons parlé). (Acte reçu par P. Dorlin, not.
15 fév. 1542. — Note extraite, par M. de Valons, des archives de la
Charité). Quant à son frère Antoine, tige des Grolier d'aujourd'hui, qui
écrivent leur nom Grollier, peut-être put-il transmettre à son fils le privi-
lège de la noblesse comme élu de Lyon et vivant noblement, mais en tout
cas, ce fils, François Grollier, notaire et secrétaire du roi, seigneur du Belair
et du Soleil, plusieurs fois conseiller de ville de 1545 Ã 1569, transmit ce
privilège d'une manière régulière et certaine à ses descendants. Ils furent
plusieurs fois maintenus dans leur noblesse, entre autres Charles Grollier
de Servièrcs, en 1696 ; son neveu, Charles-Joseph Grollier de Servières,
fit ses preuves de Malte en 1726 ; elles sont aujourd'hui aux archives du
Rhône.
R. de C.