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                RECHERCHES SUR JEAN GROLIER.                  41

littéraire, qui n'eût pas suffi, malgré son mérite, k sauver
son nom de l'oubli. Mais Grolier employa son instruction
variée et solide, ses relations étendues, sa grande fortune, k
former une bibliothèque unique à son époque. Par sa libé-
ralité à en dispenser les trésors, il en accrut la renommée,
par le goût exquis des artistes qu'il sut découvrir, encou-
rager et diriger dans le choix et la confection des reliures
célèbres auxquelles son nom est resté attaché, il a donné à
chacun des ouvrages dont elle fut composée une valeur d'art
si exceptionnelle que Jacques-Auguste de Thou, un biblio-
phile aussi et des plus illustres, a pu dire sans crainte d'être
démenti : « Les bibliothèques remarquables de Paris et de
la province n'ont rien de plus beau que les livres provenant
de celle de Grolier. » — « Vous ne devez rien aux livres,
mais les livres vous donneront dans l'avenir une gloire éter-
nelle, » lui écrivait Erasme en 1518. Le célèbre sceptique
avait deviné juste, sa prédiction s'est accomplie : si pompeux
et si magnifiques qu'en soient les termes, le jugement qu'il
porte sur Grolier, confirmé par l'illustre de Thou, a été de
tous points justifié.
   Dès son premier voyage en Italie, Grolier se mit en rap-
port avec les savants, les artistes de cette terre privilégiée,
et il faut lire , dans les Recherches, les rapports si intéres-
sants, poursuivis durant de longues années, delà dynastie des
Aide avec leur protecteur. Les Aide dédièrent au trésorier
bibliophile plusieurs des splendides éditions sorties de
leurs presses. Il invitait à sa table ces maîtres imprimeurs
avec d'autres savants, et — trait bien conforme aux mœurs
du seizième siècle — chaque convive trouvait devant lui
une paire de gants remplie de pièces d'or qu'il acceptait sans
se faire prier.
    Grolier avait acquis, dès sa jeunesse, une connaissance
approfondie des littératures grecque et latine , soit qu'il eût