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419 Ses discours charmaient et attachaient merveilleusement par l'élégance du langage, par le brillant des pensées et par le fond des choses. Mais les Muses le rappelaient de temps en temps, et il les suivait. Ce que les occupations du barreau lui laissaient d'heures libres, il l'occupait avec joie et amour à composer des vers. Dans cet âge florissant, il servait Apollon,, et non point Bacchus; Minerve, et non point Yénus. La tragédie d'Irène peut montrer combien il eût excellé dans l'art poétique, s'il y eût apporté un exercice constant et sérieux. Jean Baptiste Molière, le roi des comédiens, la jugea digne d'être représentée en public, et la joua lui-même bril- 'amment à Lyon. Elle plut. Mahomet, sultan des Turcs, le- quel prit Byzance, aimait éperdument Irène, jeune fille d'une grande beauté, et qui se trouvait au nombre de ses captives Il était tout entier à l'aimer et à la posséder, et vivait dans une honteuse inaction. Les chefs des soldats et les soldats aussi frémissaient indignés^ ne voyant qu'avec peine que leur empereur fût amolli par les voluptés, aux bras d'une jeune fille. Mahomet, au sortir d'un splendide festin qu'il avait donné, abatlit de sa propre main, avec son glaive, la tête d'Irène' œuvre admirable de la nature ; il se glorifiait de commander aux plaisirs, et de ne savoir point en être l'esclave. Voilà quel était le sujet de la tragédie. Quand elle fut jouée, Basset était fort jeune encore; il la polit et la lima ensuite avec une sévère attention, de sorte que si elle doit paraître, elle arri- vera à un haut degré de considération et d'estime. Il écrivit aussi, soit en vers, soit en prose, beaucoup d'autres choses qui excellent, chacune en leur genre; mais il ne les prisa pas à leur juste valeur, et ne fut ni avide de renommée, ni ambi- tieux de cette louange, que désirent tant ceux-là mêmes qui n'en sont pas dignes. Yers ce temps-là , comme son esprit fut distrait par de nom- breuses affaires, il s'éloigna des Muses, mais sans divorcer avec elles. Si le ciel lui accorde des loisirs, il revolera dans leurs paisibles embrassements, car il conserve et nourrit in-