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LOCVS, qu'on n'observe communément ainsi que dans les antiques
cimetières chrétiens ; et, quant à l'iuterprétation qu'il ajoute, on
pourrait la justifier par un passage de Cassiodore, qui donne lieu de
penser que l'expression chartarius avait pris, dans les bas siècles,
l'acception de chartularius, et de chartophylax (1). Quoiqu'il en
soit, il ne saurait de là résulter aucun doute sur le sens de ce mot
dans les deux inscriptions que je viens de citer, et qui sont d'une
meilleure époque ; bien moins encore sur la profession indiquée
dans notre inscription lyonnaise, où tout est bien clairement expli-
qué, et qui peut, au contraire, ce me semble,aider à l'interprétation
des autres.
    Le mot chartarius se rencontre plus fréquemment chez les écri-
vains de Rome, avec la signification adjective, comme dans ARTIS
CHARTARIAE de notre monument. Ainsi, pour me borner à un
seul exemple plus en rapport que tout autre avec mon sujet, Pline
a désigné sous la dénomination â'officinœ chartariœ les ateliers des
industriels de son temps qui se livraient à la fabrication des feuilles
à écrire (2). -
    On sait assez qu'il n'était point question encore du papier de
coton, ou de chiffes, inventions bien postérieures puisque l'une
 ne saurait remonter au-delà du neuvième siècle, l'autre au-delà du
 douzième (3). Les feuilles sur lesquelles on écrivait alors le plus
 communément étaient le papyrus, tissu fabriqué par la simple
 superposition en lignes transversales, et l'agglutination des couches
 minces qui sont à l'intérieur de l'écorce d'un arbuste appelé nànvpos
 par les Grecs, par les Latins, papyrus et papyrum, et qu'on
 tirait principalement des marais formés par le Nil dans la Basse-
 Egypte (4). Ovide a donné à ce fleuve une épithète allusive à cette
 production (5) :
            Perque papyriferi septemflua flumina Nili.

   (1)   Var., VIII, 23.
   (2)   Nat. hist., XVIII, 10 (20).
   (3)   De Vaines, Diction, de diplomatique, tom. II, pp, 170 et suiv.
   (4)   Plin. Nat. hist., XIII, 11 (22).
   (5)   Metam., XV, v. 753; cf. Trist., III, 10, v. 27.