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379 militaires deviennent des soldats automates au cœur de corne; ils oublient, que dis-je , ils n'ont jamais su qu'ils sont ci- toyens ; pour eux la patrie est un vain mot qu'ils compren- nent à peine et sur lequel ils ne réfléchissent certainement jamais. Soldats avant tout et par dessus tout, ils savent seu- lement qu'ils appartiennent au régiment de tel duc ou de tel prince ; ils connaissent la charge en douze temps, respectent par force leurs chefs que tout bas ils maudissent } craignent les coups de bâton et redoutentles rigueurs sévères d'un code militaire partial : mais c'est en vain qu'on chercherait chez eux le désir de la gloire , l'ardeur des triomphes ; ils sont soldats , ils se battent quand ils sont en campagne, mais cha- cun d'eux ne vaut jamais qu'un homme, fort et courageux, cela peut être, mais dont la force et le courage ont une régula- rité uniforme et calme qui gêne les conceptions et entrave les succès d'un général. Les Français, au contraire, appelés à pas- ser seulement un petit nombre d'années sous le drapeau , acquièrent pendant ce noble service les sentiments de patrio- tisme, de dignité nationale et d'intelligence politique que ne peut développer chez la plupart d'entre eux l'éducation pri- maire si insuffisante et si arriérée dans la majeure partie de nos départements. Avec de tels soldats un général peut tenter de grandes choses et réussir ;il n'y a pas besoin pour stimuler leur courage de leur distribuer du vin et de l'eau-de-vie ; il suffit de leur montrer les palmes que leur tend la victoire, il suffit de leur montrer la liberté menacée ou la patrie en danger. Ainsi paraît déjà entre le soldat français et le soldat étran- ger une différence tout à l'avantage|de la France. Celte diffé- rence est au moins égale si l'on compare l'esprit d'ensemble, le bon accord, l'harmonie qui existeraient dans les deux ar- mées. Il est hors de doute qu'une réunion temporaire de sol- dats de différentes nations donnerait lieu à des rivalités, à des jalousies > à des querelles capables d'entraver le succès ou de gêner l'action des opérations militaires. L'armée française, au