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Bisme; les principes, c'est l'esprit, l'idée, la vie. Prenez soin
de la lettre, perfectionnez la forme, donnez à l'organisme
toute sa part d'estime et d'amélioration, à la bonne heure,
cela est utile et môme nécessaire. Mais n'allez pas négliger
l'esprit, méconnaître la puissance de l'idée, ne tenir aucun
compte de la vie. Cette espèce de matérialisme éducatif a les
plus funestes résultats. Il rend stériles les plus généreuses
tentatives, les meilleure* organisations, les efforts les plus in-
telligents. C'est, pour bien des hommes supérieurs, une sorte
de travail des Danaïdes où se consument vainement leur
science et leur génie. Il ne manque pas, Messieurs, de gran-
des institutions où les méthodes sont savantes, les règlements
habiles, les professeurs instruits, la discipline rigoureuse.
Tout y marche avec un ordre parfait et une admirable éco-
nomie de temps, de moyens et de régime. Le travail y est
actif, et les études fortes, on se plaît à le dire. Eh bien ! je
le demande à tout homme grave, avons-nous plus à nous fé-
liciter qu'à gémir des résultats généraux de l'éducation ?
Après bien des années d'attente et de sacrifices, que revient-
il aux familles du côté de l'âme? Hélas ! elles n'ont à re-
cueillir, trop souvent, que des fruits corrompus et amers ;
une incrédulité précoce, le goût de l'insubordination et des
plaisirs, une sécheresse de cœur désolante qui fait rire de
tout, de la vertu et de la société, de la foi et de la pudeur,
de la famille et de Dieu. Du côté de l'intelligence y a-t-il au
moins une sérieuse compensation ? Les plus bienveillants se
plaignent quelquefois de n'y voir qu'une excroissance factice
d'instruction mal digérée, qui ne pénètre pas les profondeurs
de l'être, qui demeure sans application aux besoins de la vie
 réelle, qui charge la mémoire, plutôt qu'elle ne développe
 l'esprit ; sorte de placage scientifique qui ne recouvre que les
 superficies ; espèce de savoir mobilier dont on pare les ave-
 nues de l'intelligence, qu'on sait étaler au besoin, avec la va-