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   Ces jugements sévères revêtus des formes arides de la dis-
sertation, je n'oserais pas vous les offrir, MM. , si je ne
vous connaissais assez pour savoir que toute parole grave et
qui veut être utile peut compter sur votre attention, fût-
elle aussi dépouillée que la mienne d« tous les prestiges de
l'art oratoire.


    Une étude sur ^intelligence de l'avocat serait-elle complè-
te, si après avoir examiné en lui les méthodes de l'esprit, nous
ne disions rien des manifestations du sentiment, si après le
raisonnement qui combine et multiplie les formules, nous
passions sous silence l'inspiration qui engendre les pensées,
l'enthousiasme qui les fait éclore ?
    Qu'arrivera-t-il chez l'homme que nous étudions, de ces
nobles facultés qui sont la vie même de l'ame dans ce qu'elle
a de plus divin ? Une inspiration vraie, un sincère enthou-
siasme sont-ils compatibles avec le scepticisme et l'indiffé-
rence philosophique ? sont-ils compatibles même avec une
fausse logique, avec les habitudes vicieuses de la raison ?
Aurai-je besoin de vous prouver que le doute ne peut s'in-
troduire dans l'ame sans la priver de sa chaleur, et que le
scepticisme du cœur est la conséquence fatale du manque de
convictions profondes et légitimes. Il vous sera moins évi-
dent peut-être que la faiblesse logique s'oppose à l'inspira-
tion , parce qu'elle n'exclut ni la véhémence ni l'éclat des
paroles, ces trompeuses apparences d'imagination et d'en-
thousiasme. Je sais que, dans l'opinion du monde, ces deux
grandes puissances de l'ame passent presque pour incon-
ciliables avec la solide rectitude du raisonnement ; vous en-
 tendez tous les jours ce non sens philosophique, que les
hommes d'imagination ont peu de jugement, et moi je dis,
MM. , que ce sont les hommes de peu de jugement, ceus