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des pensées erronées, ses paroles et ses actes inoculeront for-
cément le poison subtil de l'erreur ; car c'est de l'abondance
du cœur que parle la bouche, et s'il y a au fond de l'ame
opposition h la vérité, il est impossible qu'elle ne se révèle
pas de quelque façon. A défaut d'attaque positive, un mot
dédaigneux, une imperceptible ironie, le silence même, et sur-
tout le spectacle des actions, ruineront peu à peu, dans l'ame
de l'enfant, le respect et l'amour de la vérité. Il y a dans les
convictions quelles qu'elles soient une force d'expansion, une
fécondité latente, qui les fait se produire au dehors, et exerce
une influence indépendamment des communications. Un
pauvre villageois écoutant prêcher son évêque qu'il ne com-
prenait pas, disait ce mot plein de vérité : L'ame entend.
On peut dire aussi, Messieurs, l'ame parle, elle se révèle,
elle agit immédiatement sur les âmes ; et quand elle leur est
supérieure en génie ou en expérience, comme cela est du
maître aux élèves, elle se les assimile peu à peu, elle les fait,
pour ainsi dire, à son image. C'est une formation lente et
cachée, mais irrésistible. Vainement donc alléguerait-on
qu'en matière d'éducation, les moyens extérieurs ont plus
 d'énergie active que les principes, qu'ils peuvent en consé-
quence les entraver ou les annuler tout-à-fait. Je répondrai
d'abord que les principes déterminent presque toujours les
moyens pratiques, ou qu'ils s'y infiltrent nécessairement; je
dirai ensuite que les principes ont par eux-mêmes et indépen-
 damment des moyens pratiques une influence immédiate qui,
pour être mystérieuse, n'en est pas moins réelle et puissante.
    Dans tout établissement, les sentiments généraux, les idées
dominantes forment peu à peu, comme une atmosphère mo-
 rale que les âmes respirent à leur insu ; corruptrice et mor-
telle, si les idées sont en opposition essentielle avec la vérité;
 inerte et insuffisante aux besoins intérieurs, si les idées sont
infirmes et étroites; pure et vivifiante, si les idées sont vraies.