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M" DORVAL „ B T R ACHEL.


   Le drame et la tragédie, naguère ennemis irréconciliables,
liôtes incompatibles , se chassant et se supplantant l'un
l'autre, viennent de s'aborder et ont élu domicile en com-
mun 5 ils se touchent aujourd'hui et se donnent en quelque
sorte la main par l'intermédiaire de leurs deux interprètes
d'élite, de leurs représentants d'affection. La présence
simultanée de mademoiselle Rachel et de madame Dorval
au Théâtre-Français est un premier lien contracté, un
premier gage de conciliation d'où s'engendrera peut-être
une ère dramatique nouvelle. Il y a quelques années,
lorsque , dans une première apparition sur la scène de la
rue Richelieu, madame Dorval mettait en saillie quelques
faces inaperçues du drame moderne, mademoiselle Rachel
n'était pas encore cette statue de Memnon que le soleil de
la divination a depuis rendue si sonore. Et lorsqu'un autre
jour mademoiselle Rachel était venue suspendre à sa mer-
veilleuse diction tragique toute une foule attentive , ma-
dame Dorval se trouvait errer çà et là, ainsi qu'une ame
en peine, sur toutes sortes de tréteaux indignes de sa pan-
tomine si éloquente. Le réengagement de madame Dorval
au Théâtre-Français, où l'appelaient tous les amis de
l'art dramatique, opère naturellemeut un rapprochement
des plus curieux, et nous promet un contraste à la fois
piquant et instructif, dont le choc peut produire de vives
étincelles, La tragédie et le drame luttent aujourd'hui pour
la première fois à armes à peu près égales; chacun dispose
pour remuer les masses d'un levier aussi puissant qu'il le