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  la maison du maréchal de Montmorency, lorsque,! ïa veille de
   sa mort, il fnt visité par Boissat, que Théophile appelait son
  fils, exprimant ainsi son affection pour un jeune homme qui
  était bien supérieur à ceux de son âge par son esprit et son
  savoir. Cette visite de Boissat lui fut très agréable. Comme
  Théophile croyait que des anchois pourraient le soulager, il
  pria vivement celui-ci, quand il se retira, de luien faire appor-
  ter, mais Boissat ne tint pas compte d'une chose qu'il croyait de-
  voir nuire à la santé du poète. Lorsqu'il se rappelait cette
  grande négligence, il en avait de la douleur, car il se disait
  que peut-être cela eût guéri la maladie; que parfois la nature
  de nos corps demande des choses qui, bien qu'elles semblent
  contraires à la santé, sont néanmoins fort salutaires, et il dé-
 montrait cela par d'excellentes raisons et par de bons exem-
 ples.
     « Quant à la singulière bonté de Théophile, à sa facilité, à
 sa crédulité, qui était très éloignée de toute fraude et astuce,
 il en racontait divers traits recommandables et dignes d'éloge.
 Quant à la licence de ses discours, à la hardiesse de ses vers, et
 à ia liberté de ses mœurs, liberté plus grande qu'il ne conve-
 nait dans un homme prudent, et qui était même déshonorante,
il en parlait aussi avec détail. Théophile quelquefois n'était
retenu par aucun sentiment de convenance; malavisé plutôt
que méchant, il se livrait sans réserve à tout ce que lui sug-
gérait une langue pétulante et effrénée ; pourtant, les mœurs
de Boissat ne furent point altérées par la fréquentation d'un
homme que ses ennemis appelaient du nom infamant de cor-
rupteur de la jeunesse. (1) »
    Les documents sur le séjour que Molière fit alors dans nos
contrées ne sont pas moins curieux que ceux-là.
    La comédie française était informe encore, malgré quelques
essais plus ou moins heureux, quand Molière vint la prendre
et la faire ce qu'elle est devenue chez nous. Lyon peut être

  (1) Pag. 34-37.