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389 à la cité un canal de jonction et de dégorgement, comme celui que Lyon possédait autrefois sur l'emplacement des Terreaux, Nul doute que ce canal, sifavorable aux intérêts du commerce et de la navigation, n'ait été entrepris alors, bien plus pour ob- vier aux inondations du Rhône et de la Saône, que pour faciliter, dans le centre de la cité, l'arrivage des marchandises appor- tées par nos deux fleuves. La location des entrepôts établis sur le parcours d'un semblable canal devait, à elle seule, pro- duire annuellement l'intérêt de la somme dépensée. Mais toujours s'élève la Saône, et déjà les vivres manquent clans plusieurs quartiers. L'eau des fontaines est infectée; les boutiques de comestibles, les fours sont envahis et fermés; les communications impossibles ou dangereuses. Au milieu d'impuissantes larmes, au milieu de familles éplorées, les malades restent sans secours, les morts sans sépulture. Un digne archevêque, M»1', de Bonaîd, ouvre à la prière les temples; aux malheureux, sa demeure épîscopale. Sous sa conduite, la foule des fidèles se rend en procession à Four- vière pour implorer la protectrice de Lyon, la vierge Marie. Déjà son autel avait vu s'agenouiller de nombreux pèlerins, et les vœux s'y succéder. Les fléaux rapprochent les hommes de Dieu, ils leur dilatent le cœur et la foi leur apporte ses consolations. Les magistrats font ouvrir des salles d'asile et distribuer gratuitement du pain dans tous les quartiers sub- mergés. Le maire de la cité. M1 Terme, les parcourt lui-même en bateau et lit à haute voix de rassurantes nouvelles qu'il a reçues de Gray et de Mâcon. Le soir, la ville reste plongée dans les ténèbres. Les conduits brisés du gaz ont donné accès au terrible élément. L'éclairage public est interrompu, et chacun y supplée à sa manière. Les batelels circulent à la lueur des torches qu'on agite, et leurs flammes se reflétant sur les eaux noires et silencieuses sem- blent y courir. Plusieurs de ces frêles embarcations chavirent et font des victimes. Le Grand-Théâtre, dont les abords sont libres, n'ouvre pas, par pudeur, pendant plusieurs jours,,