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à la cité un canal de jonction et de dégorgement, comme celui
que Lyon possédait autrefois sur l'emplacement des Terreaux,
Nul doute que ce canal, sifavorable aux intérêts du commerce
et de la navigation, n'ait été entrepris alors, bien plus pour ob-
vier aux inondations du Rhône et de la Saône, que pour faciliter,
dans le centre de la cité, l'arrivage des marchandises appor-
tées par nos deux fleuves. La location des entrepôts établis
sur le parcours d'un semblable canal devait, à elle seule, pro-
duire annuellement l'intérêt de la somme dépensée.
   Mais toujours s'élève la Saône, et déjà les vivres manquent
clans plusieurs quartiers. L'eau des fontaines est infectée; les
boutiques de comestibles, les fours sont envahis et fermés;
les communications impossibles ou dangereuses. Au milieu
d'impuissantes larmes, au milieu de familles éplorées, les
malades restent sans secours, les morts sans sépulture.
 Un digne archevêque, M»1', de Bonaîd, ouvre à la prière
les temples; aux malheureux, sa demeure épîscopale. Sous sa
conduite, la foule des fidèles se rend en procession à Four-
vière pour implorer la protectrice de Lyon, la vierge Marie.
Déjà son autel avait vu s'agenouiller de nombreux pèlerins, et
les vœux s'y succéder. Les fléaux rapprochent les hommes
de Dieu, ils leur dilatent le cœur et la foi leur apporte
ses consolations. Les magistrats font ouvrir des salles d'asile
et distribuer gratuitement du pain dans tous les quartiers sub-
mergés. Le maire de la cité. M1 Terme, les parcourt lui-même
en bateau et lit à haute voix de rassurantes nouvelles qu'il a
reçues de Gray et de Mâcon.
  Le soir, la ville reste plongée dans les ténèbres. Les conduits
brisés du gaz ont donné accès au terrible élément. L'éclairage
public est interrompu, et chacun y supplée à sa manière. Les
batelels circulent à la lueur des torches qu'on agite, et leurs
flammes se reflétant sur les eaux noires et silencieuses sem-
blent y courir. Plusieurs de ces frêles embarcations chavirent
et font des victimes. Le Grand-Théâtre, dont les abords sont
libres, n'ouvre pas, par pudeur, pendant plusieurs jours,,