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corme ia magnésie, élague avec amour le cerisier et le jasmin
auxquels il devra le tuyau de son chibouk; pour lui encore,
iî tourne l'ambre, il mélange l'or, les bijoux, les étoffes rares
et précieuses qui doivent embellir le houka. Voyez que de
pays sont appelés à la confection d'une pipe ! Alep fournit ses
tiges odorantes, l'Asie-Mineure son argile rouge et noire
que la Hongrie achève de préparer; la Perse envoie ses pier-
reries, son ivoire et ses perles, et la mer elle-même paye son
tribut en livrant son ambre grisou jaune (1). Quand la pipe
est achevée, il faut encore que Laodicée et Thessalonique
envoient ces feuilles brunes dont la fumée causera tant de dé-
lices. Et combien de familles vivront de la culture de cette
feuille tant méprisée de nos docteurs ! La seule peuplade des
Ânsariens, qui s'y consacre presque exclusivement, prépare
aux environs de Latakié pour plus de 600,000 piastres de
tabac par an (2). Qu'on juge des autres pays du Levant par
cet exemple !
   Si, d'un côté, le tabac révolutionnait l'Orient, sa marche
dans l'ouest de l'ancien continent n'était ni si rapide, ni si
triomphante. Les Français et leurs voisins n 'adoptaient que len-
tement l'usage de fumer la nicotiane. Tout le monde sait que
les souverains de divers états la repoussèrent avec opiniâtreté
et l'interdirent sous les peines les plus sévères. L'Italie y prit
goût cependant malgré les excomunications d'Urbain VIII,
et l'Espagne s'y livra de bonne heure; elle avait persécuté
d'abord les indigènes du Nouveau Monde sous prétexte d'un
usage qu'elle devait partager plus tard. — Le roi Jacques I er ,
ce souverain lâche et pédant, eut beau publier un pamphlet
contre le tabac, le titre même de cet opuscule nous prouve
que l'Angleterre fumait déjà en 1620. {Counterblastagainst

  (1) Michaud, Voyage en Orient.
  ("•' Po-jjoulat. Voyage en Crient.Tcai. yi.   «3