Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                               74
politique ; à côté des intérêts du ciel, les intérêts de la
terre. Il fallait pour tout cela un mot conciliateur, et c'est
aussi l'esprit de conciliation et de charité qui anime la Lettre
pastorale. Elle renferme de touchantes paroles pour les classes
pauvres, pour les hommes qui vivent des sueurs de leur
front; elle a de graves et utiles conseils pour les riches ;
elle présente des accents amis pour les religions dissidentes,
et ces divers points, qui sont traités avec autant de sagesse
que de charité véritable, ont frappé tous les esprits. Ce
langage avait besoin d'arriver aux populations, et il est
d'une incontestable opportunité.
   Beste maintenant la question politique, et ici Mgr. de
Bonaîd s'est retranché dans une parfaite indépendance, dans
un dégagement qui mérite d'être signalé comme indiquant
une voie où le clergé devra entrer tôt ou tard. Aussi bien
elle fut la sienne dans les premiers âges, et se trouve ri-
goureusement conforme au langage de Jésus-Christ, qui ne
parlait pas en vain, sagesse éternelle qu'il était. Au milieu
des partis qui se choquent et s'injurient, faut-il donc qu'un
êvêque aille jeter à celui—ci ou à celui-là les lambeaux de
sa robe de prêtre? faut-il qu'il mette son bâton pastoral
dans la balance, et que fort avec les forts, il dise : Malheur
aux vaincus? Oh! non pas. Il est investi d'une mission
plus haute, et père et pasteur des petits comme des grands,
des forts comme des faibles, des justes comme des injustes,
des opprimés comme des oppresseurs , il a besoin de se placer
au-dessus de toutes les contestations d'ici-bas, pour être tout
à tous, suivant le mot profond de ce grand philosophe du
christianisme, l'Apôtre Paul. C'est dans une noble et res-
pectueuse indépendance envers les puissances du jour que
îa majesté de l'Évangile éclate sur tout, et nous croyons
qu'il perd de sa force extérieure, dès lors qu'il va se mêler
aux agitations et aux controverses qui ne sont pas de son
empire. Au surplus, les pouvoirs temporels savent exiger
toujours des sacrifices, en retour de leur appui intéressé, et
l'histoire de l'Église ne l'atteste que trop. Saint Jérôme
avait conçu un projet que son ame ardente eût bien pu
exécuter, avec l'érudition qui le caractérisait. Arrivé à
3a fin des beaux âges de l'Eglise, il voulait en raconter
les annales, et montrer que, du moment où elle passa sous
des empereurs chrétiens, elle perdit en vertu et en grandeur
morale ce qu'elle gagnait en honneurs et en richesses, li