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278 lieux, la nicotine et la nicotianine, agissent lentement, et que les al- térations qu'ils produisent se confondent avec les effets de tant d'au- tres causes qui nous entourent, qu'il est facile d'en confondre l'ori- gine ; et remarquons surtout que l'amour des priseurs et des fumeurs pour cette substance est tel qu'ils consentent rarement à lui imputer leurs malaises, leurs maladies, même leurs infirmités (1). Ce n'est donc pas aux personnes qui prennent du tabac qu'il faut s'en rappor- ter, ils trompent et se trompent eux-mêmes. S'ils consultent un médecin, parmi les causes de leurs souffrances, le tabac sera tou- jours épargné. Ils rechercheront minutieusement les motifs les plus innocents, avant de laisser planer le moindre soupçon sur l'objet de leur culte. Aussi faut-il s'attendre, dans de pareilles circonstances, à des arguments frivoles et tout personnels. Celui-ci présentera pour preuve et avancera que, depuis bien des années, il fume et prise sans inconvénients ; cet autre, qu'il n'exhale aucune odeur. C'est en vain que vous leur répondrez que nul n'est juge dans sa propre cause. Mais si vous les engagez à scruter l'état de leurs fonc- tions, alors ils vous dénonceront des irritations, des maux de tête, des douleurs d'estomac, des digestions pénibles, de l'innapétance, des coliques, etc., etc. Mais, suivant eux, tous ces effets ne sont pas causés par le tabac : on excuse toujours ce que l'on idolâtre, et l'on peut dire que les priseurs et les fumeurs ont pour la nicotiane une espèce de passion qui ressemble à de l'amour. La plupart, je ne di- rai pas tous, sont tellement aveuglés sur cette habitude, qu'ils ne se doutent pas des inconvénients qu'elle entraîne et du désagrément qu'elle produit. En effet, beaucoup de fumeurs se laissent aller à une sorte d'aban- don , ou plutôt de despotisme très remarquable causée, sans doute, par l'effet atténuant du tabac sur les facultés; aussi imposent-ils tyran- niquement les conséquences de leurs plaisirs à tous ceux qui les en- vironnent. (1) N'est-ce pas une infirmité que ces obstructions des fosses nazales par l'agglomération du tabac à priser, qui y forme une sorte de maçonnerie qui obstrue et l'odorat et la respiration, et qui, de plus, exhale une odeur fétide et repoussante.