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lieux, la nicotine et la nicotianine, agissent lentement, et que les al-
térations qu'ils produisent se confondent avec les effets de tant d'au-
tres causes qui nous entourent, qu'il est facile d'en confondre l'ori-
gine ; et remarquons surtout que l'amour des priseurs et des fumeurs
pour cette substance est tel qu'ils consentent rarement à lui imputer
leurs malaises, leurs maladies, même leurs infirmités (1). Ce n'est
donc pas aux personnes qui prennent du tabac qu'il faut s'en rappor-
ter, ils trompent et se trompent eux-mêmes. S'ils consultent un
médecin, parmi les causes de leurs souffrances, le tabac sera tou-
jours épargné. Ils rechercheront minutieusement les motifs les plus
 innocents, avant de laisser planer le moindre soupçon sur l'objet de
 leur culte. Aussi faut-il s'attendre, dans de pareilles circonstances, à
 des arguments frivoles et tout personnels. Celui-ci présentera
 pour preuve et avancera que, depuis bien des années, il fume et
 prise sans inconvénients ; cet autre, qu'il n'exhale aucune odeur.
 C'est en vain que vous leur répondrez que nul n'est juge dans sa
 propre cause. Mais si vous les engagez à scruter l'état de leurs fonc-
 tions, alors ils vous dénonceront des irritations, des maux de tête,
 des douleurs d'estomac, des digestions pénibles, de l'innapétance,
  des coliques, etc., etc. Mais, suivant eux, tous ces effets ne sont pas
 causés par le tabac : on excuse toujours ce que l'on idolâtre, et l'on
  peut dire que les priseurs et les fumeurs ont pour la nicotiane une
  espèce de passion qui ressemble à de l'amour. La plupart, je ne di-
  rai pas tous, sont tellement aveuglés sur cette habitude, qu'ils ne se
  doutent pas des inconvénients qu'elle entraîne et du désagrément
  qu'elle produit.
     En effet, beaucoup de fumeurs se laissent aller à une sorte d'aban-
 don , ou plutôt de despotisme très remarquable causée, sans doute, par
 l'effet atténuant du tabac sur les facultés; aussi imposent-ils tyran-
 niquement les conséquences de leurs plaisirs à tous ceux qui les en-
 vironnent.

     (1) N'est-ce pas une infirmité que ces obstructions des fosses nazales par
 l'agglomération du tabac à priser, qui y forme une sorte de maçonnerie qui
 obstrue et l'odorat et la respiration, et qui, de plus, exhale une odeur fétide
 et repoussante.