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                        S24
On revient sur ses pas, on cherche, on se lamente,
Chacun prétend conduire et conduit à son tour;
On aboutit à rien-, et l'embarras augmente;
Point d'indice certain, de sentier qui ne mente....
  Et voilà que baisse le jour.

La troupe se récrie et pleure et se divise....
Et voilà que se lève en murmurant la bise,
Jusqu'en ses profondeurs elle trouble les bois
Et les échos encore agrandissent sa voix.

La peur prend les enfants. Dans une angoisse amère
Plus d'un répète alors : « Pourquoi me suis-je enfui? »
Le petit en pleurant : « Reverrai-je ma mère ? »
Ou bien dans le bois noir voit courir la chimère,
     Ses yeux de feu fixés sur lui.

La bise dans le ciel attroupe les nuées,
Et les clartés du soir en sont diminuées :
Les oiseaux pressentant l'orage se sont tu ;
Le bois pleure et se tord par l'ouragan battu.

Àh ! comme la forêt est vaste et ténébreuse !
On ne distingue plus ni sentiers, ni chemins.
Oh ! comme de la faim l'angoisse est douloureuse !
La troupe, au moindre bruit, hâte le pas, peureuse,
  Et gémit et se tord les mains !

Que tous sont fatigués ! comme chaque front sue I
Ce bois sombre et maudit n'aura donc pas d'issue?
Rien au loin que le bois ! rien en haut que les cieux
D'un nuage couverts, noirs et silencieux !