Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                     172
   Celte substance ainsi préparée fut celle qui remplaça immé-
diatement les feuilles de palmier, les écorces des arbres, (d'où
vient le nom de liber, conservé plus tard aux livres), et les
autres matériaux imparfaits qu'on avait employés pour écrire,
dans la première enfance de cet art (1). Varron, cité par
Pline (2), s'est trompé bien certainement, quand il a dit
que le papyrus ne fut en usage qu'à l'époque des conquêtes d'A-
lexandre, et de la fondation d'Alexandrie ; à moins, ce que Pline
ne dit pas, que le savant romain ne restreignît son assertion à ce
qui concernait ses compatriotes. Il paraît, en effet, par les témoi-
gnages de divers écrivains grecs que ces feuilles étaient connues
chez eux antérieurement au conquérant Macédonien (3). Pour ce
qui est de l'Egypte, où la plante qui en produisait la matière était
indigène, nous savons matériellement qu'elle en fit usage dans des
temps bien autrement reculés, puisqu'on a reconnu aujourd'hui
parmi les manuscrits égyptiens sur papyrus, qui se sont si fort
multipliés en Europe depuis un quart de siècle, des actes portant
des dates empruntées aux règnes des plus anciens Pharaons (4).
   Nous devons à Pline des détails nombreux et assez suivis sur la
fabrication des feuilles de papyrus, et sur les divers procédés qu'on y
employait, sur la colle qui servait à la préparer, sur la manière de
les polir avec l'ivoire ou la coquille, (5) sur leurs différentes espèces,
les qualités qu'on y estimait, et les défauts qu'elles pouvaient avoir,
sur leur longueur, et le nombre de feuilles dont se composait le
cahier, scapus etc. (6). Je ne m'arrêterai quelques instants que
sur les diverses espèces de ce papyrus qu'il nous a fait connaître.

   (1) Plin., Nat. hist., XIII, I I (21).
   (2) Ibid.
   (3) Caylus, Dissertation sur le papyrus, dans les Mémoires de (Académie des
Inscriptions, tom. XXVI, p. 270.
   (4) Cliampollion a, te premier, observé au Musée royal égyptien de Turin
un grand nombre de ces manuscrits datant de la XVIIe et de la XIXe dynasties
pharaoniques. V. Bulletin des sciences historiques, VIIe sect., tom. II, p. 30.
   (5) C'est ce que Cicéron (Ad Quint, fr. II, 15) appelle Charta dentata,
   (fi) Nat. Mst.,Xm, 12(23-26).