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BIBLIOGRAPHIE 461 le peuple des campagnes et des villes ; c'est aussi celui d'une orga- nisation judiciaire se proposant avant tout la conciliation et la paix universelle, et devenant en aussi peu de temps l'instrument d'une effroyable tyrannie. Qu'y avait-il donc dans la nature de ces hommes ou dans celle des choses pour produire de tels résultats ? La question ainsi posée, je me demande quelle réponse y a faite M. de la Chapelle et je n'en trouve pas. J'aurais voulu qu'il nous fit voir dans le tempérament de ses personnages, dans leur carac - tère, leur passé, dans la constitution même des pouvoirs qui leur étaient confiés, et dans l'état de la société où ils avaient à les exer- cer, ce qui peut expliquer une déviation si étrange de leur mis- sion naturelle. Il me semble que la chose était possible, et à sup- poser qu'elle ne le fût pas, que sur tel incident de l'existence de ces hommes ou de ces institutions, les renseignements fissent dé- faut, il était bien simple, selon moi, d'indiquer ces lacunes et de justifier un silence forcé. Peut être aussi était-il permis, par voie d'induction, de retrouver, en s'aidantde ce que l'on savait, ce qui avait dû se passer. De même à reproduire, sans aucun commen- taire, comme le fait M. de la Chapelle, la législation du temps et le récit officiel des événements, il arrive que ces faits, ce qui n ' é - tait pas alors très extraordinaire, se trouvent en désaccord même avec la légalité révolutionnaire ; il ne nous déplairait pas d'avoir l'explication de ces anomalies, de voir au moins qu'elles n'ont pas échappé à l'attention de l'auteur. Quelques phrases, quelques mots significatifs, comme M. de la Chapelle a dû en rencontrer beaucoup au cours de ses recherches, y auraient suffi, mais ils ne pou- vaient se publier isolément ; il fallait, pour ainsi dire, les encadrer; le système de M. de la Chapelle ne le permettait pas. Dans son livre, tel qu'il l'a écrit, actes législatifs, résumés des événements parisiens, procès-verbaux des assemblées élues et des clubs de notre ville, j u - gements des tribunaux se succèdent sans autre lien que l'ordre chronologique. Je ne dis pas que ces décrets, ces procès-verbaux, ces jugements, ces extraits découpés dans les historiens de la révo- lution n'aient pas leur intérêt, mais seulement qu'employés comme ils le sont, ils ne paraissent que des hors-d'oeuvre. En quoi, par exemple, la comptabilité de la Société des Jacobins de Lyon touche-t-elle à l'histoire judiciaire ? Je sais aussi qu'il était délicat,