page suivante »
456 LA REVUE LYONNAISE aux Lyonnais. Un soir d'hiver dans la vallée d'Ambry traduit fidèlement l'aspect de la campagne à ce triste moment de l'année. Le ciel est un peu sombre pour la lumière qui baigne le paysage. On serait presque tenté d'adresser le reproche contraire à Une matinée de septembre à Château-Vieux-sur-Suran. Là , en effet, le ciel a une clarté qui s'harmonise peu avec le ton éteint du pay- sage. La couleur un peu terne de M. Gustave Allemand devient une qualité à raison des sujets mélancoliques qu'il a choisis. Il y a dans ces deux toiles un véritable sentiment de la nature. C'est là un héritage paternel. C'est par cette qualité que M. Allemand père se distinguait, alors qu'il ne refusait plus l'honneur des succès publics ; ses tableaux ne plaisent pas seulement au peintre, mais plus encore au poète, à l'amant des prés et des bois, à ceux qui, comme lui, passent de longues heures à contempler le bord d'un étang ou le tronc d'un vieux chêne, et qui lie rapportent de cette con- templation aucun travail visible, mais seulement l'émotion sincère et profonde qui fait les vrais artistes. M. LAJARD. —M. Lajard est, lui aussi, un paysagiste qui aime et comprend la nature. L'étang de la Barichole est un joli tableau du plus séduisant effet. La lumière tombe abondante et pure d'un ciel clair, l'air joue bien dans les arbres qui se détachent avec vigueur. M. P . FLANDRIN. — M . Paul Flandrin a envoyé deux paysages de petite dimension, de cette facture élégante dont il conserve l'aca- démique secret. J'aime la convention, ai-je dit tout à l'heure, mais non pas poussée à l'extrême. Je connais le Bugey, l'Albarine, cette vallée faite à souhait pour le plaisir des yeux et la disposition des scènes pastorales. Et pourtant c'est à peine si je retrouve dans la toile de M. Flandrin la nature du Bugey, aimable, gaie, souriante, point empesée ni froide, point austère ni superbe, mais accorte et de bonne humeur comme ses habitants ; je préférerais l'Etude en Provence, où du moins, sans beaucoup plus de sincérité, on trouve plus de personnalité. L'auteur s'est moins absorbé dans le détail, et l'œuvre a gagné. M. CASTEX-DESGRANGES. —Dans la peinture de fleurs, ce genre, dont un Lyonnais fut le maître sans rival, M. Castex-Desgranges tient une des premières places. Le tableau qu'il a envoyé cette année à Paris, intitulé Avant le marché, est digne de l'auteur,