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LES A R T I S T E S LYONNAIS AU SALON DE 1881 451 le rend réellement intéressant, je veux dire regorgement. Pendu par les pieds, selon la méthode de maître Jacques, le héros du son- net de Monselet laisse tomber dans un récipient disposé ad hoc les dernières gouttes de son sang. Le sacrificateur est en train de souf- fler dans la fressure (est-ce bien la fressure ?) qu'il vient d'enlever et à côté de lui on voit fiché dans un billot le couteau dont il s'est servi. N'étant jamais entré dans un abattoir, n'ayant jamais assisté à l'opération que M.-J. G. Bail s'est complu à représenter, je ne me porterai pas garant de l'exactitude de la mise en scène, et je solliciterai l'indulgence pour les termes impropres qui ont pu m'é- chapper. M. J.-G. Bail est un dessinateur habile, on voit qu'il a été à bonne école. Sa couleur est un peu crue; — ne voyez pas dans l'emploi de cet adjectif un déplorable jeu de mots. M. BEYLE. — Il m'a paru qu'on s'arrêtait volontiers devant le tableau de M. Beyle, Pêcheuses de moules au Follet (Dieppe). Cette sympathie du public ne m'étonne pas. L'aspect de cette œuvre est véritablement séduisant. La mer est à marée basse; deux fem- mes cherchent des coquillages. L'une, debout, tenant sous le bras un panier, jette autour d'elle un regard investigateur ; ce n'est point une pêcheuse idéalisée et de convention, c'est Ja robuste créa ture, qu'on rencontre sur nos côte, dure au travail, habituée aux intempéries ; mais M. Belye, tout en reproduisant scrupuleuse- ment la nature, garde le souci de plaire, ce dont il faut le louer. L'autre pêcheuse est agenouillée et s'appuie sur les mains pour sonder une flaque d'eau. La pose de cette dernière est aussi juste que gracieuse. La brise soulève quelques mèches de che- veux blonds qui s'échappent du bonnet. On contemple avec plaisir cette belle fille dont le teint, brûlé par la mer et le soleil, conserve cependant la fraîcheur et le charme de la jeunesse. Le tableau de M. Beyle est bien éclairé et d'une excellente facture. M.GARRON. — E n vérité, si M. Garronavu la scène qu'il nous représente, cela fait peu d'honneur aux dominicains. Les bons pères qui distribuent la soupe aux pauvres me paraissent remplir sans enthousiasme, pour ne pas dire avec dégoût, le saint devoir de l'aumône. Gomme pour confirmer le spectateur dans cette idée, les malheureux qui se pressent autour des religieux semblent plutôt remplis de crainte que pà nétrés de reconnaissance. La couleur de