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276                  LA REVUK LYONNAIS K

vaal ne seront pas la dernière ni peut-être la plus sanglante des
épreuves que vaudront à l'Angleterre les erreurs d'une politique
néfaste. Une autre guerre va commencer ou a commencé déjà
avec les Aschantis, — guerre d'extermination, sans merci comme
sans gloire pour les troupes de la reine, quel qu'en soit le résultat
— et qui compliquera encore les difficultés intérieures ou loin-
taines sans cesse rencontrées par l'Angleterre depuis qu'au mi-
nistère conservateur de lord Beaconsfield a succédé le ministère
libéral de M. Gladstone. Le cabinet actuel ne saurait, sans la plus
grande injustice, être rendu responsable delà situation qui lui est
faite ; mais ne pourrait-on pas lui reprocher de n'avoir pas su
porter remède à un état de choses fâcheux auquel il n'a opposé que
la force d'inertie ?
   On sait que l'annexion de ces Etats opérée sous le ministère
Beaconsfield a été le signal du mouvement d'indépendance et de la
lutte d'où l'orgueil britannique est sorti si profondément blessé.
La politique de domination et d'annexion indéfinies suivie opi-
niâtrement par tous les cabinets, a voué l'Angleterre à des entre-
prises qui ont diminué singulièrement son prestige, malgré le soin
qu'on prend de tenir la lumière sous le boisseau. Dans les difficultés
avec les Aschantis, difficultés que John Bull affecte de ne pas con-
sidérer comme sérieuses, tout en se préparant à soutenir une
lutte acharnée, les Anglais recevront une rude leçoa, car il est
bien probable qu'ils auront une défaite à ajouter à la liste déjà
longue de celles qu'ils ont essuyées dans l'Afrique australe.
S'ils n'ont pas été heureux contre les Zoulous et les Basutos, s'ils
ont été malmenés par les paysans duTransvaal, ils ont bien plus à
craindre d'un peuple puissant, redoutable, célèbre par sa férocité,
et auquel ils ont eux-mêmes, en 1872, enseignél'art delà guerre.
   A cette époque les Aschantis n'étaient entrés en lutte que con-
tre les Fantis qui forment une confédération de tribus indépendantes
placées sous la protection du drapeau anglais. Ils les ont battus
facilement; mais n'étant pas préparés à soutenir une guerre contre
une nation européenne, ils n'ont pu résister à l'intervention an-
glaise et les troupes de la reine ont remporté un semblant de
victoire, qui n'a pas été san» leur coûter fort cher.
   Aujourd'hui les choses ont changé : les Aschantis ont profité des