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374 LA REVUE LYONNAISE parti non plus de ce désir, louable après tout s'il est peu scénique, d'empêcher le roi de retomber dans ses erreurs passées. Le roi n'a pas cette dignité qui, Saint-Simon nous l'apprend, présidait aux actes les plus ordinaires de sa vie. Dans la pièce de M. Coppée il devient un vieux garçon entêté, quinteux, épris de sa gouvernante, désirant l'épouser et appréhendant d'être sa dupe. Le personnage le mieux tracé est peut-être Louvois, qui n'a qu'un rôle secondaire. Le célèbre ministre ne dit rien qui ne soit conforme à la logique et ne touche le spectateur. Il est indigné de voir le roi son maître songer à épouser celle qui pour lui n'est que « la Maintenon ». Il est poussé par le souci de la majesté royale et peut-être aussi par la crainte de voir s'établir une influence opposée à la sienne. Tous les moyens lui sont bons pour fouiller le passé delà marquise où il espère trouver ce qu'il faut pour la per- dre dans l'esprit du roi. Mme de Maintenon craint Louvois, qui ne plaisante pas sur le chapitre des alliances royales. Elle doit, en effet, savoir à quoi s'en tenir s'il est vrai, comme on le rapporte, qu'elle l'ait aidé à empêcher le mariage de la grande Mademoiselle et de Lauzun. Quoi qu'il en soit, le ministre a, je le répète, et peut-être contre l'intention de M. Coppée, un fort beau rôle, et quand il se jette aux pieds du roi, lui demandant de le percer d'un coup d'épée plutôt que de le rendre témoin d'une union aussi humi- liante, la salle est certainement avec lui. Si la pièce de M. Coppée est une œuvre dramatique faible, c'est un remarquable morceau de poésie. Le vers, toujours élégant, toujours sonore, a, quand il le faut, l'ampleur et la force. On a pu en juger par les citations que j'ai faites. M. Coppée est un excellent poète, nous le savions de reste. Mais, nous l'avons appris aujourd'hui, ce n'est pas un auteur dra - matique. J. DE MoUSTELON.