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LE P A R N A S S E FRANÇAIS -289
BERTRAND DE BORN
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•— X I I SIÉGLK —
Fier et puissant seigneur, d'une humeur belliqueuse,
Il luttait et chantait les hauts faits accomplis,
Heureux d'ouïr les camps de tumulte remplis
Et l'oiseau gazouillant'sa note harmonieuse.
A l'heure où, s'engageant, la bataille chanceuse
A son front soucieux eût dû mettre des plis,
Devant les prés, les bois, de verdure embellis,
11 montrait dans son œil une âme radieuse !
Comme suprême exploit, il voulut conquérir
Le paradis, qu'on peut gagner sans coup férir .
Pour la robe du moine il déposa l'armure.
Parfois, au souvenir des combats meurtriers,
Sa voix qui s'égarait dans un vague murmure
Mêlait aux Oremus ses sirventes guerriers.
(lUYOT
- 1150 ? —
Il fut connu partout pour ses vers, qu'il chanta
Allant de ville en ville, ainsi que fit Homère :
Il lança plus d'un trait d'une critique amère
Contre les habitants des lieux qu'il visita ;
Puis en bon pèlerin sa course l'emporta
Jusqu'à Jérusalem, témoin du grand mystère,
Et, quand il en revint, un sombre monastère
Fut la dernière étape où son pas s'arrêta.
AVRIL. 1881. - T. I, 19