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270 LA R E V U E LYONNAISE Strasbourg, 2 messidor an V. ... Je viens de recevoir une lettre de Latournerie, datée de Trieste, relative à la mort de notre frère, je vais t'extrairece qui y a rapport. « Je suis désespéré, mon cher M..., de ne pouvoir répondre à toutes les questions que tu me fais relativement à ton malheureux frère. C'est de ta bouche même, à l'armée du Rhin que j'ai appris les circonstances qui l'avoient déterminé à entrer dans le régiment de Grenoble en qualité de canonnier. Je n'ai pas eu le plaisir de le voir à l'armée d'Italie ; lorsque quatre à cinq jours après la bataille d'Àrcole je me trouvois à Vérone avec Carrère qui a éprouvé le même sort que ton pauvre frère, il fut question de nos amis com- muns ; Carrère m'apprit alors que ton frère avoit été tué sous ses yeux, en servant une pièce de canon. « Je reçus ta première lettre à Milan, et comme l'état-major du e 4 régiment d'artillerie à pied se trouvoit dans cette ville et qu'il avoit été instruit officiellement de la mort de ton frère, je leur de- mandai le certificat que je t'ai envoyé pour tenir lieu d'extrait mortuaire. » Ce Carrère qui est de ma promotion étoit devenu chef de brigade et a été tué dans les premières affaires qui ont eu lieu contre l'ar- chiduc Charles après la prise de Rome. Tu vois que ces renseignements ne sont pas très satisfaisants, n'indiquant ni le jour ni le lieu précis du combat; ainsi j'attends avec impatience la réponse du capitaine Jannot, qui, à ce qu'on m'a dit depuis, aura beaucoup de peine à m'écrire, ne sachant que si- gner son nom, il y a trois ans, quand il était sergent. L'archiduc Charles n'est point encore venu à Strasbourg. Ce qui . peut donner lieu à ce qu'en ont dit les gazettes, c'est que le direc- ' teur de la comédie, voyant qu'un certain dimanche, il y a un mois environ, il faisoit un temps superbe qui diminuerait sa recette, fit sur le midi changer les affiches voisines du spectacle et en mit d'autres où il y avoit, qu'à la demande du prince Charles qui étoit