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260 LA REVUE LYONNAISE commanderie de Malthe où l'on soupçonnoit que l'on disoit la messe secrètement. Le maire averti à temps arrive avec des forces militai- res et nationales, fait cesser sur-le-champ cette opération, s'empare des délinquants qu'il fait conduire en prison. Dans le même moment M. de Toulongeon, commandant la province, fait dire à tous les officiers de la garnison de se rendre à leur quartier pour être plu- tôt prêts en cas que le désordre continue ou augmente. A huit heures du soir, quelques cavaliers buvant dans un cabaret prennent dis- pute avec quelques volontaires d'un bataillon arrivé le malin ; on en vient bientôt aux coups; un cavalier est tué d'un coup de fusil, un autre blessé ainsi que deux volontaires. La fermentation devient générale dans toute la ville : tous s'arment, on bat la générale, les régiments prennent les armes et restent immobiles dans leurs quar- tiers. On porte le mort et les blessés à l'hôpital, tout s'apaise, on bat la retraite à deux heures du matin et le reste de la nuit se passe tranquillement. Le lendemain lundi , tous les officiers et soldats sont consignés dans leurs quartiers, la municipalité envoie une dé- putation inviter les soldats à garder exactement leur consigne qu1 sera levée après le départ du régiment de cavalerie ; la journée se passe tranquillement jusqu'à six heures du soir que le feu prend à une cheminée et qu'on tire un coup de fusil dedans qui l'éteint. Cette explosion inquiète les esprits qui fermentent encore ; on s'as- semble dans le voisinage, on demande ce que c'est; des gens mal intentionnés disent que ce sont les cavaliers qui cherchent à se venger en menaçant les habitants; le bruit se répandant de rue en rue, on crie aux armes, on bat la générale et bientôt la ville est hérissée de bayonnettes ; nos canonniers furieux demandent des cartouches et veulent sortir pour marcher contre la cavalerie et ce n'est pas sans peine que nous sommes parvenus à les maintenir au quartier, Au bout de dix minutes on est désabusé et on bat la re- traite. Le régiment de cavalerie part le lendemain avant le jour et les consignes sont levées. Plusieurs officiers allant joindre leurs troupes au moment de la générale ont été insultés et même un d'eux a été ajusté d'un coup de fusil qui heureusement a raté, et si l'on avait trouvé réellement quelque cavalier cherchant à se venger, tous les officiers nobles et les prêtres non assermentés auraient été égorgés ;