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248 LA REVUE LYONNAISE
pendant les troubles, ou suspects d'attachement au duc de Nemours,
s'étant démis pour satisfaire à la volonté du peuple, furent immé-
diatement remplacés. Fidèle observateur des devoirs de sa charge,
il sut allier la modération à la fermeté nécessaire pour comprimer
les menées et les intrigues des fauteurs de troubles el les exigences
inhérentes à toute réaction politique .
Le 23 mars, les échevins étant assemblés à l'hôtel commun et
assistés de M. le lieutenant général de Villars pour la justice, et
de divers autres notables, plainte est portée contre les prédicateurs
« qui se licencient de parler advantureusement contre le debvoir,
l'honneur duroy, l'obéissance due à S. M. 4 et le repos de l'état de
la ville et notamment contre les Capuchins, Jhésuistes et Minimes
qui refusent l'administration des sacrements, et plusieurs autres
prêtres des paroisses et églises collégiales. M. de Villars dit qu'il
paria hier au prédicateur de Saint-Paul, duquel on avait à se plain-
dre, et lui en fit les remontrances qui lui semblèrent raisonnables,
et toutefois il n'a laissé ce jourd'huy de continuer k parler de la
même façon contre ; que c'est chose scandaleuse et que l'ignorance
qui peut être en ce prédicateur n'est pas excusable, parce qu'il
promit le jour d'hier de n'en plus parler et traiter tant seulement
son Evangile ». Il ajoute plus loin, qu'un minime, disant la messe,
ne priait pas tant seulement de « nous conserver des hérétiques »,
mais encore usait de ce mot : « et des politiques ». Quant aux
mesures à prendre contre les suspects, il dit avec sagesse, que le
salut du peuple est la souveraine loi, qu'il faut néanmoins y a p -
porter de la modération, et que, comme on l'a bien commencé, il
faut faire la distinction de ceux qui ont toujours été de la Ligue et
des autres que l'on a reconnus autres depuis ; et que de ceux de qui
on a preuve, même de ceux que l'on a soupçonnés, c'est raison de
les châtier. Toutefois il faut procéder avec connaissance de cause,
et que si les soupçonnés qui ont charge n'ont été démis et les au-
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Un certain n o m b r e de dames lyonnaises restèrent fidèles à l'Union, refusant de
r e c o n n a î t r e Henri de N a v a r r e qu'elles considéraient comme h é r é t i q u e .
« J'aimerais mieux, dit dame Perroquette,
Mourir cent fois et perdre ma jaquette,
Que d'obéir à ce Roy navarrois
Et l'appeler Prince Roy des François. »
Recueil de plusieurs belles chansons. Lyon, 1594, in-32.