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                     A N C I E N N E A B B A Y E DE CLUNY                            221

 une faible partie des archives a été déposée au district ; les impri-
més sont restés, mais sans catalogue, sans surveillance. La biblio-
thèque a été pendant cinquante ans livrée au pillage. Les moines en
ont emporté en quittant l'abbaye; les officiers espagnols, prisonniers
de guerre, ont abusé de leur libre entrée dans la bibliothèque ; des
amateurs les ont imités dans cette œuvre de destruction.
   « Quant aux manuscrits, ajoute M. Chavot, vous pouvez vous
rappeler comme moi, que les pensionnaires du collège de Cluny
s'introduisaient furtivement dans la Bibliothèque ; quelques-uns
y prenaient des volumes en velin pour couvrir leurs livres, dé-
coupaient avec leur canif de superbes initiales. Les professeurs
ne réprimaient pas ce désordre parce qu'il couvrait leurs larcins. »
   J'ai été en effet témoin oculaire de ces détournements qu'un dé-
faut de surveillance de la part des maîtres rendait des plus faciles,
et jai vu, sous les yeux mêmes de ces maîtres, découper les vignet-
tes les plus belles. Je possède même plus d'un fragment de ma-
nuscrits divers, provenant de ces regrettables détournements, et
M. Léopold Delisle, à qui je les ai communiqués, a bien voulu me
mander le 27 novembre 1878 qu'ils ont appartenu : 1° à un Com-
mentaire sur les Générations de Moyse, du quinzième siècle ; 2° à
un Traité de Métaphysique de la fin du treizième siècle; 3° à un
Commentaire sur un grammairien du treizième siècle ; 4Û à un re-
cueil du Traité de saint Anselme du quatorzième siècle; 5° à un
Commentaire sur les Epîtres de saint Paul, du douzième siècle ;
6° à un Commentaire sur les Psaumes du treizième siècle ; 7° à un
Traité sur les Sacrements de la fin du treizième siècle ; 8° à un
Antiphonaire du quinzième siècle ; 9° à un Commentaire sur le
droit canon du quinzième siècle.


parties de son récit. U a vécu une partie de sa vie dans la bibliothèque de son père et
l'a utilisée pour ses travaux; il la connaissait donc parfaitement et n'en ignorait pas
non plus les diverses provenances. Cette collection était fort belle, son catalogue se
composait de 106 pages et était riche surtout en livres sur les arts, les beaux-arts,
les provinces de France et sur Lyon. Elle a été vendue le 21 février 1872 et les
neuf jours suivants.
   Si les livres amenés par la Saône dont parle M. Thierriat fils, décédé aussi depuis
peu de temps, ne provenaient pas de Cluny, de quelle bibliothèque étaient-ils donc
sortis? Eu tous cas, ce ne serait pas de celle de l'abbaye de la ferlé sur-Grosne, ni
de celle de Maizières, ni de celles des maisons religieuses de Châlon, car toutes ces
collections ont servi à former Ja bibliothèque publique actuelle de la ville de Gliâlon.