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188                  LA R E V U E LYONNAISE
beau vulgairement appelé du nom de Tour-Roland,, L'inscription,
parfaitement conservée, fait connaître qu'en cet endroit a été ense-
veli jadis un éminent personnage, L. Munacius Plancus, qui, sous
César et sous Auguste, a joué un rôle important, sinon toujours
honorable, et qui nous est bien connu aussi par des lettres de Ci-
céron et par des Odes d'Horace. « En Gaule, est-il dit dans son
épitaphe à la suite de rémunération de ses dignités et de ses acte?,
 « il fonda les colonies de Lugdunum et de Raurica » (Augst près
de Bâle). Déjà du vivant de César il était désigné pour le gouver-
nement de la Gaule. Après la mort du dictateur, le Sénat, craignant
qu'il ne se joignît à Antoine, lui donna, pour le retenir dans sa
province, la mission de fonder aux confins de la Narbonnaise la
ville de Lyon. Peut-être existait-il là depuis déjà longtemps un
établissement gaulois. Le nom de la ville, nom qui se retrouve en
différentes contrées de la Gaule, rend la chose très vraisemblable' "
La terminaison dunum, en celtique « colline », se montre dans
les noms de beaucoup de villes, comme Augustodunum, Uocel-
lodunum, Noviodunum; il existe même une tradition qui appuie
cette hypothèse. Au temps où les Gaulois sous la conduite de
Brennus prirent Rome d'assaut, deux princes chassés de leur pays,
Momorus et Atepomarus, vinrent dans cette contrée à la recher-
che d'une nouvelle patrie. Pendant qu'ils étaient occupés, raconte
la légende, à creuser les fondations de la cité, parut soudain une
volée de corbeaux qui s'abattit sur les arbres d'alentour, et, à
cause de ce présage céleste, la ville reçut le nom de Lugdunum,
c'est-à-dire « colline des corbeaux. » Toutefois, la source à la-
quelle est puisée ce document est suspecte, et le récit dans son en-
tier semble n'être pas autre chose qu'une de ces explications éty-
mologiques imaginées après coup, dont nos traditions abondent.
   L'histoire ne sait rien de cet établissement gaulois ; même encore
dans César, on cherche vainement le nom de Lugdunum. Des
dissensions qui avaient éclaté à Vienne, ville voisine, et avaien
eu pour résultat l'expulsion du parti romain par les gens du pays.
c'est-à-dire les Allobroges, amenèrent occasionnellement la fonda-
tion de la nouvelle ville à l'endroit où les expulsés avaient trouvé
un refuge. Là, au confluent de deux grands neuves, le Rhône im-
pétueux qui descend à flots pressés des Alpes à la mer, et la Saône