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180                   LA REVUE LYONNAISE
hommes, avec calme et douceur. Un regret, et encore bien fugitif,
a été exprimé par lui. Il eût voulu mourir dans son village natal
d'Avenay, où il allait chaque année avec un bonheur indescriptible
se reposer de ses travaux. A-t-il eu un regret pour ces livres dont
il s'était entouré, dont il avait fait des amis familiers et chers ? Son
âme naïve de savant a pu y trouver peut-être la matière d'un
sacrifice. Quant au sacrifice plus réel des grandes affections, son
cœur de père et de chrétien a su l'accepter en le sanctifiant par la
résignation la plus sincère et la plus haute.
   Les titres qu'aurait pu revendiquer M. Paulin Paris sont nom-
breux. E n l 8 3 9 . i l avait été nommé conservateur adjoint au dé-
partement des manuscrits de la Bibliothèque royale. En 1853 on
avait créé pour lui au Collège de France cette chaire de langue et
littérature du moyen âge que son fils, M. Gas'ton Paris, occupe fi
dignement aujourd'hui. Il était membre du conseil de perfectionne-
ment de l'École des chartes, membre de plusieurs académies
étrangères. Doyen de l'Académie des inscriptions et belles lettres,
il avait eu la joie de voir son fils y siéger à côté de lui, et conti-
nuer là aussi une tradition de science et d'honneur. Dans toutes
ces joies si légitimes il voyait une occasion de bénir la Providence.
« Ma vie a été heureuse, disait-il à son lit de mort, je n'ai rien
à y ajouter : je suis prêt. »
   Donc à cette nomenclature fort abrégée de ses titres, ajoutons
celui qui est pour nous le plus grand. L'Institut, les académies,
les diverses sociétés savantes, regrettent le confrère éminent, l'éru-
dit, le bibliophile, le littérateur. Disons simplement: « Nous avons
perdu un chrétien. » Ce mot dit toute la valeur de l'homme et dit
tous nos regrets.
                                            G -A.      HEINRIGH.
                                       Doyen delà Faculté des lettres de Lyon.