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LES STALLES DE LA CATHÉDRALE 127 piliers étaient flanqués, de trois côtés, de colonnes engagées qui ne montaient pas plus haut que la naissance des voûtes des collaté- raux, et du côté de la grande nef, c'étaient des pilastres au lieu de colonnes. L'édifice entier reposait sur soixante-huit piliers, et sa longueur totale était de 555 pieds. Plus de trois cents fenêtres cin- trées, étroites, élevées, éclairaient l'intérieur. Sept clochers, offrant un aspect magnifique surmontaient la basilique. Au fond d'un vaste vestibule se présentait le portail de 20pieds de hauteur et de 16 de largeur ; une seule pierre servait d'imposte à ce por- tail ; elle était d'un seul bloc de 3 pieds d'épaisseur : vingt-trois figures s'y détachaient en relief. Une légende1 rapporte que les ouvriers ayant remarqué parmi eux un homme merveilleux qui, les surveillant sans cesse, travaillait avec eux sans jamais par- tager leur nourriture, ne doutèrent pas que ce fût un ange qui présidait à l'édification de la maison de Dieu. Cette même légende ajoute que l'énorme pierre put être soulevée par saint Hugues seul et placée mystérieusement par lui pendant la nuit. Le chœur comprenait environ le tiers de la grande nef; au milieu, il y avait deux jubés ; mais on y admirait surtout le sanctuaire hardiment porté sur huit colonnes de marbre de 30 pieds d'éléva- tion. Six étaient particulièrement précieuses, trois de cipolin d'Afri- que, trois de marbre grec de Pentélie, veiné bleu. Il y avait au chœur deux cent vingt-cinq stalles pour les religieux, toutes d'un travail remarquable, mais bien postérieur à la fonda don de l'église. Tout le tour de ce chœur avait été tendu au xv8 siècle de splendides tapisseries par Jean de Bourbon. Faut-il accuser les protestants de leur destruction? Un témoin oculaire de leurs dévastations rap- 1 D'autres légendes se rattachent aussi à l'histoire de la construction de l'à bbâye de Gluny. L'une d'elles rapporte qu'une nuit saint Pierre apparut au moine Gunion, et après lui avoir montré les vastes dimensions que le nouvel édifice devait avoir, lui donna l'ordre de les faire connaître à saint Hugues, lequel, docile à ces injonctions et Dieu aidant, éleva en vingt années une demeure divine si grande et si belle qu'il était difficile de dire laquelle l'emportait de sa grandeur ou de sa beauté. Telle est, dit aussi cette légende, la gloire et la splendeur de cette église que s'il est permis de croire que les habitants du ciel puissent se plaire aux demeures humaines, ou peut la nommer l'habitation des anges. Les traditions populaires ajoutent aussi que saint Hugues, ne sachant où bâtir pré- cisément l'église, jeta un marteau en l'air et que le lieu où tomba ce marteau fut aussi le lieu qu'il choisit pour y placer le sanctuaire.