page suivante »
108 LA REVUE LYONNAISE larobede prêtre, estmort, il y a deux ans, rédacteur du National, Uflt un roman intitulé les Tentations d'un curé de campagne, ou- vrage d'observateur véritable et d'écrivain. Un peu Jérôme Morin, un peu Doucet, un peu Valère, on n'avait point tardé à donner au journal une physionomie particulière, non point celle d'un disciple de Bûchez, ce qui n'eût pas été possible, mais d'un républicain ferme et affectionné à la fois au catholicisme. De socialisme, cette fois il n'en était pas question. On avait affaire ailleurs. Puis les journées de juin avaient dessillé tous les yeux qui voulaient voir. La Liberté défendait la politique du général Gavaignac, et l'on y mena belle campagne pour sa candidature à la présidence. Lyon n'a jamais pu goûter les opinions mitoyennes. Il veut tout blanc, ou, si mieux aimez, tout noir ou tout rouge. Ni les hommes ni les journaux modérés n'y sauraient réussir. C'est pourquoi, comme on l'a dit, Jacottet, qui n'était pas pécunieux, eut bientôt vu le fond de la caisse de la Liberté, qui ne put même continuer à faire servir ses abonnés par un autre journal. Les réunions de la rue Longue, — Le commissaire Pioiïin. — Henri Germain. Si la Liberté, pour Valère et ses amis, était non pas le succes- seur, mais, comme disent les pharmaciens, le « succédané » du Vingt-quatre Février, le club National n'allait pas sans le sien. Après sa fermeture, les amis résolurent de se réunir toutes les semaines chez l'un d'eux, qui demeurait dans la rue Longue, poury discuter de politique et surtout d'économie politique. C'était en réduction ce qu'est aujourd'hui la Société d'économie politique de Lyon. Mais la loi du 28 juillet 1848 vint soumettrelesclubs à la surveil- lance. Une réunion de huit ou dix amis ne se pouvait guère com- parer à un club. Cependant on crut prudent de faire la déclaration demandée, et tous les mercredis soirs un digne homme de commis - saire, à favoris blancs, qui s'appelait Pionin, venait s'asseoir sur une chaise et dormir comme au sermon, Il finit pourtant par se lasser de venir,