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74 SOCIETES SAVANTES ce qu'il faut, en outre, pour diriger une assemblée pleine de vie, de mouvement, d'enthousiasme? nous le dirons dans un an. La parole est d'abord à M. Desgranges, qui dissèque admirablement, dans un style clair, rapide et précis, deux ou trois ouvrages du docteur Delore, en vue d'une candidature essentiellement platonique, attendu qu'il n'y a aucune place vacante dans la section de médecine à l'Académie, et je ne sache pas qu'un des titulaires actuels soit disposé à s'en aller. Mais l'oeuvre analysée n'en est pas moins intéressante par les faits curieux que l'élégant rapporteur y découvre et par les remarques qu'il y ajoute, particulièrement sur les cas de rage ima- ginaire ou simulée. M. Locard, tout frais sortant de son élection de bibliothécaire archiviste, p r é - sente à la Compagnie, comme don de joyeux avènement, un catalogue manus- crit des coquilles vivantes du département de l'Ain. Il paraît que ce n'est pas une petite affaire que de recenser tous les mollusques qui habitent un départe- ment français : le savant Lyonnais a dû s'adresser à trente sept de ses collègues de l'Ain pour obtenir une demi-douzaine de réponses utiles. La faune malacolo- gique de ce département est pourtant des plus remarquables et des plus variées, elle renferme à elle seule les deux tiers des espèces connues. Elle offre même cette particularité singulière, difficile à expliquer, que le lac de Silan est habité par une Limnée qu'on ne trouve que dans les eaux du bleu Danube. De pareils travaux semblent faits exprès pour enrichir Ie^ Mémoires do la docte Compagnie. Voici, après M. Locard, M. Guigue qui s'élance à la tribune. Il vient d'ap- prendre qu'un dragage est sur le point de commencer en aval du pont de la Guillotière. Plus.de quinze cents blocs de pierre ont été jetés là , dans le temps, pour défendre les îles disparues contre l'envahissement du fleuve. Ces blocs, débris des vieux monuments lyonnais, sont couverts, on le sait, d'inscriptions précieuses pour notre histoire locale. Ne convient-il pas de profiter l'occasion pour retirer des eaux quelques-uns de ces trésors et augmenter notre musée épigraphique? S'il faut demander une autorisation, on l'obtiendra pour s û r ; s'il faut s'entendre avec les ingénieurs, on le tentera ; s'il faut dépenser quelque somme d'argent, on la trouvera. L'Académie, toujours soucieuse des intérêts de de la science, ne se le fait pas dire deux fois. Elle nomme- sur-le-champ une commission, avec pleins pouvoirs pour résoudre toutes difficultés dans la huitaine, Et voilà ce que peut faire en deux heures une académie de province ! Séance du 25 janvier 1881. — Cette fois, M. Ferraz est installé comme président avec tous les compliments et les honneurs dus à son titre. Il invite aussitôt la Commission des blocs à répondre sur ses faits et gestes delà semaine. Celle-ci ne demande pas mieux que de s'expliquer; quelques-uns de ses membres se sont abouchés avec l'ingénieur ; d'autres ont visité le lit du fleuve ; ils ont vu les pierres précieuses à travers les eaux limpides, il y en a en aval, il y en a en amont. Qu'elles soient les restes d'une voie romaine, d'un cimetière ou d'une digue, peu importe, l'examen n'en serait pas moins fort intéressant pour notre musée, et les commissaires académiques restent chargés de veiller au grain. Mais il paraît que les travaux de dragage vont d'abord se faire ailleurs, et qu'il faut attendre un peu. On attendra. »