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BIBLIOGRAPHIE LYONNAISE A U X V E SIECLE 25 second tirage. Dans l'un, les traits sont plus fins, plus nets, plus déliés ; dans l'autre, ils sont aplatis et grossis par l'usage. Ainsi tout s'éclaire. Le prototypographe d'Albi, le Joannes Moguntinus de Lyon,sont une seule et même personne, Jean Neumeister,le col- laborateur de Gutemberg, l'imprimeur de Foligno. Une autre découverte mit bientôt le sceau à cette démonstration. La bibliothèque de Sainte-Geneviève, parmi les éditions du quin- zième siècle, recèle un vieux volume de liturgie incomplet de ses premiers feuillets, mais où le colophon, souvent plus intéressant que le titre, se trouve heureusement en entier. C'est un bréviaire à l'usage de Vienne, daté du24janvier 1489 (1490N. S.). lise ter- mine par ces mots:Impresssum Lugduniper magistrum Joannem Meunister de Magunciadictum Albi. Ici le maître se montre avec tous les noms, qu'il a portés en divers lieux, dont il a signé divers volumes. Seulement son nom patronymique est un peu déiîguré par un accident typographique, une coquille comme disent les gens du métier, Meunister au lieu de Neumeister. Déjà , il faut cependant le reconnaître, depuis quelques années la présence de cet impri- meur à Lyon était dévoilée. En 1874, l'archiviste du département du Gard, M. de Lamothe, entrant, un jour dans une église de vil- lage, y aperçut un vieux livre délabré servant de support à un chandelier d'autel. C'était un vieux missel à l'usage d'Uzès, aujour- d'hui placé dans le trésor de la cathédrale de cette ville. La trou- vaille fit du bruit. Le docteur Desbarreaux-Bernard lui consacra, dans le journal de l'Académie de Toulouse, un article où il est déjà question des recherches de Claudin à la poursuite du premier ty- pographe d'Albi. Le missel d'Uzès, daté de 1495, porte la suscrip- tion finale suivante : Impressus Lugd. per •magistrum Johannem Neumeister de Maguneia et Michaelem Topie. Parvenu à la vieillesse, l'ancien ouvrier de Gutemberg, avait dû, on le voit, s'aider d'un collaborateur dans cette impression. A partir de cette date, il ne figure plus que dans les registres de nos archives sous le nom de Jean d'Albi. On le suit, comme nous l'avons dit, jusqu'en 1507. A cette époque et même quelques années auparavant, il pa- raît avoir cédé son matériel. Nous retrouvons, en effet, quelques- unes de ses gravures interrasiles au pouvoir d'autres imprimeurs. Dans sa vie d'investigations perpétuelles, inaccessible à la lassi-