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                             BIBLIOGRAPHIE                            377

opposition : un des notables critique vivement cette innovation, en soute-
nant que la communauté ne devait pas être grevée au profit exclusif de
ceux dont les enfants fréquentaient l'école. Peu de temps après, la
rétribution fut rétablie.

   L'histoire de Crémieu pendant la Révolution, n'est pas la partie la
moins intéressante de l'ouvrage de M. Delachenal. On retrouve alors
dans cette petite ville, comme partout ailleurs en France, l'anarchie,
l'absence de direction de la part du Gouvernement; en voulant détruire
les abus, on accumule les ruines sans rien fonder de durable. Le tiers-
état y vivait en bonne intelligence avec les deux Ordres privilégiés. Les
nobles résidant sur leurs terres n'avaient pas l'indifférence des nobles
de Cour pour leurs tenanciers, et on leur rendait ce témoignage qu'ils
s'étaient toujours montrés patriotes et bienfaisants. Le clergé paroissial
et les Ordres religieux n'étaient pas plus impopulaires que les nobles.
Aussi ne sait-on comment expliquer la jacquerie qui, après la prise de
la Bastille, éclata dans les environs de Crémieu ainsi que dans le reste
de la France. Un grand nombre de châteaux furent pillés et incendiés
par des bandes de brigands ; chose singulière, plusieurs des pillards et
des incendiaires étaient des gens riches. Lyon se souvint alors des
bonnes relations qu'il avait de tout temps entretenues avec Crémieu ;
il envoya des volontaires pour répiimer les excès des brigands ; mais la
petite ville ne put secourir la puissante métropole dans sa révolte
contre la Convention ; elle servit seulement d'asile, pendant le siège,
à un certain nombre de réfugiés lyonnais, et devint bientôt la proie de
gens qui, se prétendant les délégués du peuple souverain, se croyaient
tout permis. Il était bien temps, disait l'un d'eux, appelé Contamin,
que lui et sa famille bussent un peu de bon vin et vécussent un peu
mieux qu'ils n'avaient fait par le passé. Et il allait à cheval en tête
de sa troupe, pillant, brûlant, sa monture garnie d'objets pris dans les
églises, et parfois précédé d'un homme revêtu d'habits sacerdotaux.

   Un assez grand nombre de prêtres et de religieux se montrèrent
d'abord favorables à la Révolution, et adoptèrent la constitution civile
du clergé ; ils n'en furent pas moins dépouillés et persécutés. On peut
remarquer une différence à ce sujet entre les religieux et les religieuses.
Pendant que les Augustins et les Capucins abandonnaient la vie com-
mune, les Visitandines et les Ursulines votèrent toutes, sans exception,
pour la conserver; elles furent néanmoins expulsées de leurs couvents.
       N° ;. — Mai 1S89.                                         27