Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                          LUTHERIE                        361

plus avancées que nous. Malgré toute notre habileté, nous
sommes quelquefois embarrassés pour interpréter convena-
blement des œuvres musicales du xvie et du xvn e siècle.
Depuis Gluck et Mozart, nous n'avons pas inventé d'ins-
truments dignes de ce nom. Pour le violon, nous regardons
Stradivarius comme un modèle que l'on ne peut dépasser;
tous les efforts des savants n'ont pu arriver à une meilleure
forme et le plus grand mérite des luthiers contemporains
est de copier les anciens luthiers.
   Le violon, s'il faut en croire quelques auteurs, remonte
à la plus haute antiquité. Quelques pierres gravées le repré-
senteraient à peu près sous sa forme actuelle. L'authenti-
cité de ces monuments est douteuse. Néanmoins les Grecs
et les Romains, après avoir poussé si loin la perfection dans
les arts, n'ont pas dû rester en arrière pour la musique.
Leurs écrits sont pleins des merveilles qu'elle opérait, et,
tout en se défiant de l'exagération des poètes, tout en fai-
sant la part de la nature impressionnable de ces peuples, on
peut supposer que chez eux la musique était au niveau de
la sculpture et de l'architecture. Les lyres et les harpes,
reproduites sur les monuments, sont évidemment des ins-
truments de convention à l'usage des peintres et des sculp-
teurs, à cause de leurs formes simples et gracieuses, mais
qui n'auraient pu rendre qu'un son grêle et mesquin.
D'ailleurs, l'absence des touches sur la lyre et son petit
nombre de cordes rendaient toutes modulations impos-
sibles; il faut donc croire à l'existence d'autres instruments
que ceux que la tradition met entre les mains d'Apollon et
 d'Orphée.
    L'origine la plus certaine des instruments à archet se
 trouve au IXe siècle dans le rebec, sorte de violon à trois
 et quatre cordes, et dans la famille des violes, qui étaient
      N° 5. — Mai 1889.                              26