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         SUR L'EXPRESSION: FAIRE LE PIED DE VEAU            295

   Comme évidemment Charpentier, en s'adressant au
portrait du Roi, n'avait pas l'air de lui donner des coups de
pied, on doit traduire « faire le pied de veau » par « faire
la révérence ». C'est, en effet, le sans donné par la pre-
mière édition du Dictionnaire de l'Académie, de 1694, où je
n'aurais point songé à rencontrer la locution : « On dit
fig. et bassement : Faire le pied de veau pour dire, Faire la
révérence. »

  Dans le « Dictionnaire comique de Leroux, 2 vol. in-8°, à
Pampelune, 1786, » on lit également :
   « Faire le pied de veau à quelqu'un. C'est-à-dire, aller faire
des révérences, des soumissions à quelqu'un. »
    Il n'y a donc pas de doute sur l'interprétation. Il suit de
 là qu'au lieu de traduire par : « Les pauvres Carmes qui
 leur font le pied de veau (au chapitre de Saint-Irénée) », il
 faut au contraire traduire par : « à qui il (saint Joseph) fait
 la révérence. » Le patois fait, qui est au singulier, indique
 que c'est bien saint Joseph qui fait la révérence aux pauvres
 Carmes. Il fallait, pour la première interprétation, supposer
 une faute de copiste, qui aurait mis fait au lieu du pluriel
fant. La nouvelle traduction paraît satisfaire à toutes les
 exigences.
   J'ajoute que bien sort, à la première ligne du couplet, doit
être corrigé en bien fort. Securus ne peut donner sort en
patois. J'avais déjà fait cette correction dans la 2 e édition.
Le chapitre arrive « bien fort », c'est-à-dire impétueu-
sement.
   Quant au sens de « faire la révérence », il s'explique
très bien. Le veau aies jambes de devant très faibles, et
s'agenouille au moindre choc, Faire le pied de veau, c'est
donc fléchir du genou.