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               LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN                  59

rite que nous avons pu explorer un peu ce qui était le plus
près de nous, tel que le Monte Pincio et la villa Médicis,
dont je contemple avec admiration et reconnaissance la
silencieuse façade. Une figure de la madone et de l'enfant
Jésus, que M. Ingres a fait placer là de mon temps nous
donne sa faible lueur, et bien naturellement mon cœur
attendri la prie pour ce bon maître. Le lendemain, nous
avons trouvé établi un temps de pluie et d'orages continuels
qui, pendant plusieurs jours, ne nous ont permis qu'une
visite à Saint-Pierre, une autre au Panthéon, tombeau de...
(mot oublié), puis aux Loges et auxStanze du Vatican. Le beau
temps revenu, Rome s'est montrée à nous dans toute sa splen-
deur, et plein de l'enthousiasme le plus sincère, je bénis-
sais l'œuvre de Colbert et de Louis XIV, qui avait donné à
quelques-uns de nos jeunes artistes de tels moyens d'étude
et de progrès, lorsque le Mointeur nous a apporté le décret
du 13 novembre qui dissout l'école de Paris et ruine celle-ci
pour la supprimer plus sûrement. Je ne sais si vous con-
naissez ces tristes choses, provoquées par un rapport du
surintendant où la mauvaise foi, l'incohérence, et le vide et
le faux se disputent la prééminence. Oh! l'Empereur ne
peut savoir ce qu'on lui fait faire ! Mais certains signes pour-
tant devraient éclairer un peu. Ainsi au moment où le décret
a paru, il n'y avait pas quinze jours que M. Schnetz avait
envoyé au duc de Cadore, en réponse à une demande de
l'Angleterre, les Statuts et Règlements de nos écoles. Tâchez
de trouver le Moniteur français du 15, vous pourrez étudier
 ce fameux rapport. Peu de jours après son apparition, j'ai
reçu la nouvelle officielle de la suppression de mes fonc-
tions à l'Ecole et ma nomination au titre de professeur dans
la nouvelle organisation ; mais j'ai répondu qu'ayant long-
temps combattu les idées qui prévalent, je ne croyais pas