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LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN $J Rome, le 29 novembre 1863. MON CHER AMI, Nous sommes à Rome. Mon cœur déborde de joie, d'ad- miration, et si je pouvais partager ce bonheur avec vous, il grandirait encore; mais puisque c'est impossible, je veux au moins apporter à votre amitié un récit qu'elle accueillera avec intérêt, j'en suis sûr. Notre voyage par les côtes de la belle Provence et par ce qu'on appelle la Corniche jusqu'à Gênes s'est accompli par un beau temps, qui ajoutait sa lumière à la grandeur des lignes et à la richesse de forme de cette nature privilégiée. Gênes, que je ne connaissais pas, m'a étonné par la beauté de sa situation, le nombre et la richesse de ses palais, où la hardiesse de l'invention unie à l'élégance des formes et au précieux des matériaux produit des effets vraiment extraordinaires. Cependant là nous avons trouvé la pluie, qui a beaucoup gêné nos mouvements et fait avorter notre examen. Repartis en voiture pour la Spezzia en longeant la côte, tantôt au niveau de la mer et tantôt sur les hauts sommets, nous avons vu de bien admirables choses. Mais dans un petit trou, nommé Borghetto, nous avons été arrêtés trois jours par les eaux accumulées d'une trombe dans un bas fond où passait la route. Prisonniers dans cette auberge, où se trouvait avec nous la princesse OrlofF et une famille anglaise, nous avons pris patience en regardant tomber la pluie et couler l'eau!... Enfin, le retour du beau temps nous a permis de reprendre notre route par la Spezzia, Sar-