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LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN 53 vais à mon atelier pourtant, mais les ménagements forcés me découragent. Pour faire un bon travail, il ne faut pas être avare de ses peines, en un mot il ne faut pas penser à son corps. Vous, mes bons amis, comment allez-vous, ainsi que la bonne madame Chatte (2). L'hiverné vous a-t-ilpas été trop dur? et dans votre joli nid voyez-vous s'éveiller le prin- temps? Oh, sans doute, car ici les violettes sont partout, et déjà quelques arbres fruitiers s'émancipaient lorsque les froides giboulées sont venues les rappeler à la prudence. Les journées sont déjà longues. Bientôt j'espère reprendre mes compositions pour Saint-Germain-des-Prés, et voilà le moment de venir demander à Mme Lacuria le croquis qu'elle a bien voulu me promettre de faire d'après vous. Je joins à cette lettre un calque sur le mouvement général d'une figure que votre bonne chère tête commandera. D'avance je remercie Mme Lacuria de ce travail, que je con- serverai avec soin, soyez-en sûr. L'exposition approche, et pour l'Institut une corvée bien fatigante ; mais je ferai mon possible pour m'en dispenser. Car même les autres années, lorsque j'étais moins délicat, je n'ai jamais pu aller jusqu'au bout, et sans être contraint, par le froid et la fatigue, à passer quelques jours dans mon lit! Que serait-ce donc cette fois?.. Vous ne pouvez vous faire l'idée du froid qui se maintient dans ce Palais de l'Industrie, non plus de ce qu'y devient la chaleur propre lorsqu'elle y a une fois pénétré. Je n'ai absolument aucune donnée sur ce que sera l'ex- position. La retraite presque absolue où j'ai vécu cet hiver (2) Mère de madame Lacuria.