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448 LE PROCÉDÉ MUSICAL DE R, WAGNER qualités individuelles de leur génie dans les qualités générales de ce qu'on appelait alors la musique; et nul n'oserait sou- tenir que la personnalité de ces Maîtres illustres se soit trouvée amoindrie parce qu'ils la faisaient entrer harmo- nieusement dans le courant des effluves universels de la musique. Mais ce terrain neutre, il fallait l'accaparer au profit de l'Allemagne. Aussi, dans ses nombreux travaux de critique, Schumann s'efforça-t-il de répandre cette idée qu'en fait de musique, il y a infériorité et décadence mani- festes chez les races latines, tandis que les Allemands ont su garder intact et développer le vrai génie et la vraie pra- tique de cet art; partant que c'est à l'art Allemand de servir de guide et d'initiateur à l'art des autres races. Schumann attaqua Mendelssohn et lui reprocha défaillir au génie delà patrie, par de prétendues concessions dans le sens des idées latines. La théorie de l'art allemand, pur et modèle, si bien lancée par Schumann, a trouvé dans le Wagner de la troi- sième manière, un disciple qui a vite fait pâlir le maître. N'en déplaise aux fervents de Bayreuth qui crieraient au scandale, si ces lignes leurs tombaient sous les yeux, nous regrettons que Wagner n'ait pas trouvé pour régler l'épa- nouissement de son génie, les entraves salutaires de l'es- prit latin. Au début, son instinct artistique plus délicat et plus pénétrant que celui de Schumann, lui faisait aspirer à élaborer ses œuvres dans ce milieu pondérateur. La Révo- lution, le mouvement des idées allemandes et leur triomphe, l'ont rallié aux théories de Schumann. L'accueil injuste et outrageant que Paris fit à Tannhauser exaspéra son orgueil et le poussa dans ces voies de désordre où il espéra, plus tard, entraîner la musique. Et cependant Wagner parle sou- vent des Grecs; il est persuadé qu'il a ressuscité l'esprit de leur théâtre. Or, plus que tout autre, Wagner avait besoin