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446         LE PROCÉDÉ MUSICAL DE R. WAGNER

situation, des sentiments d'un autre ordre peuvent et doi-
vent figurer dans telle ou telle action dramatique. Refuser
toute consonnance, c'est infuser à la vie expressive de l'or-
chestre et de la trame musicale, une exaltation qui n'est
autre chose que la fièvre et qui finit par la convulsion. Sans
doute, Wagner en a tiré des effets neufs et puissants. Mais
l'exagération d'un procédé n'est point louable pour le seul
motif qu'elle amène le succès par l'extraordinaire ; car,
jamais l'histoire ne nous a montré qu'un succès éphémère
dans le domaine des choses de l'esprit, ait été la vraie
mesure de la part de vérité et de beauté réalisée dans leurs
œuvres par le savant et par l'artiste.
   Nous pouvons, je crois, comparer assez exactement
la Tétralogie de Wagner, aux hypogées monstrueuses de
l'Inde, qui n'ont point d'analogue dans les autres créations
de l'architecture. Ces temples formés d'une série de
pièces aux dimensions colossales, creusées dans le flanc
des montagnes, nous donnent une idée des scènes
grandioses, qui s'enchaînent dans les drames wagnériens
de la dernière manière, et qui sont hors de proportion avec
les productions musicales des écoles précédentes. Nous
trouverons dans cette comparaison le moyen de caracté-
riser par quelques traits, l'œuvre dramatique et musicale
de Richard Wagner, œuvre qui nous paraît gigantesque et
géniale, mais à la manière des procédés architectoniques
de l'Inde. D'aucun pourront tirer de cette similitude un
prétexte nouveau pour faire remonter par une filiation
hardie l'art wagnérien, jusqu'aux sources aryennes. Nous
laissons ce procédé de raisonnement à la Revue Wagni-
rienne et spécialement à M. Volzogen. Mais cette manière
d'entendre l'expansion artistique répugne absolument au
tempérament des races latines toutes imprégnées dans leur