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                  SUR LE SALON DE l 8 8 8                  39 I

d'une draperie violette ; les traits, l'expression, le style et
le travail d'exécution, font de cette modeste étude, une
œuvre très distinguée de M. Parrot.

  Enfin je rappelerai au souvenir de ceux qui ne l'ont pas
encore oublié, un Effet de soleil sur la neige, exposé par
M. Caignard.
   L'intérêt de ce tableau, qui a du reste obtenu, sauf
erreur de ma part, une médaille ou une des médailles du
Salon, était d'autant plus grand, que les moyens employés
pour attirer et fixer le regard étaient plus simples et plus
savamment naïfs.
   Un bord de route, entre un talus et un fossé, au sortir
d'un village banal, dont les dernières maisons se profilent
sur le gris clair d'un ciel d'hiver, avec la plus parfaite insi-
gnifiance, un ou deux arbrisseaux défeuillés, les reliefs du
sol arrondis par la neige, et c'est tout ; pas un être vivant
entre le ciel vide d'où descendent les rayons d'un pâle
soleil, et la terre, ensevelie sous la neige.
   Et cependant, plus on regardait avec les yeux du corps
et de l'esprit, ce singulier paysage, si dénué de charmes
pittoresques, silencieux et vide, plus on était séduit, attiré,
par la justesse étonnante des effets de lumière et d'ombre,
produits par le contact de l'or des rayons solaires, se jouant
en des ombres bleues au sein d'argent de la neige imma-
culée.
   L'illusion de la réalité était si complète, que lorsque par
un moyen quelconque, on pouvait s'absorber dans la con-
templation de ce tableau, en se garant des reflets de ceux
d'alentour, il vous semblait qu'au déclin du jour, les loups
s'en allaient rôder dans cette lande solitaire, tant était