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382                    NOTES RÉTROSPECTIVES

   Une grande poésie funèbre se dégage de cette figure
superbement tragique, qui semble sortie toute entière de
ces vers du poète Haraucour:

      «   Seul ! alors, il s'en va vers l'inconnu, là-bas,
      «   Vers la mort, le front bas, il s'en va pas à pas,
      «   Dans les renoncements du rêve et de la gloire.
      «   Seul ! il oublie... et loin des clartés, loin du bruit,
      «   Vieux d'espérer, vaincu d'aimer, usé de croire,
      «   Tandis que le jour monte, il descend dans la nuit. »


   C'est là une des plus belles pages de l'œuvre de l'artiste;
elle a eu, à Lyon, ce privilège de n'avoir été comprise et
appréciée que du petit nombre de ceux qui voient et qui
savent : le gros public a passé au-devant, indifférent ou
ahuri, prenant Orphée pour un nègre déshabillé, et le
savant paysage idéal, où il accomplit son exode du monde
des vivants, a semblé à plus d'un des visiteurs, un coin
quelconque des vallons abrupts de Rochecardon.
   Malgré un éclairage défavorable, ayant échappé par mi-
racle au désastre d'une tourmente qui, à travers la toiture
arrachée, a brisé son cadre et l'a blessé au flanc d'un éclat
de verre, Orphée est resté dans ma mémoire comme une
belle vision de la désespérance antique.

   Le Duel au Parc de la Tête-d'Or, de M. Sicard, est une
page importante dans l'Å“uvre de cet artiste lyonnais.
 . La scène se passe dans une allée du Parc, si bien carac-
térisée, qu'on la peut reconnaître pour l'une de celles qui
sont inscrites entre le Rhône et le lac.
   Par une matinée brumeuse de décembre, au bord de
l'allée, un fiacre attelé de deux chevaux blancs, attend le
blessé. Celui-ci apparaît, après le duel, pâle, sanglant, pou-