Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
360             L'Å’UVRE DE PIERRE DUPONT

  A ceux qui garderaient, après ces citations, quelque
doute sur les tendances du poète, il suffirait de relire le
Rêve du Paysan et surtout ces quatre vers où l'auteur
semble exprimer le sentiment dont il est possédé lui-même,
lorsqu'il peint son rustique héros :

           Le ciel comme un gouffre l'attire,
           Le ciel, immense océan bleu ;
           A pleine poitrine il respire,
           Dans l'air pur, le souffle de Dieu.


                               *
                              * *

   Oui, Pierre Dupont est bien le représentant d'une race
éprise d'immense et d'inconnu, et qui se tient en commu-
nication constante avec le monde supérieur.
   Sans doute, d'autres poètes ont traduit cet état de
l'âme; Lamartine, Laprade nous ont laissé de superbes
pages pleines d'aspirations sublimes. Mais, de ces poètes,
l'un est pour notre cité un étranger, l'autre est un enfant
d'adoption qui ne nous a jamais donné que la moitié
de son génie et de son cœur. Dupont, au contraire,
nous appartient tout entier, comme Brizeux à la Bretagne
et Mistral à la Provence : impossible de lire trois pages de
ses Chants et Chansons, sans y reconnaître l'accent natal.
   Constatons, de plus, que l'esprit et la langue du chanson-
nier lyonnais sont restés « peuple », francs de toute culture
scolastique et de tout travail académique, semblables à ces
rieurs de pleine terre, qui seules peuvent donner à l'explo-
rateur une idée exacte d'un sol et d'un climat.
   Et comme sa muse reste fidèle au tempérament local,
 mélange de tendances contemplatives et de brusques retours