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POÉSIE 353 Sur les monts où les vents agitent leur fanfare, Jusqu'au sein des déserts où la brute s'effare, Nous forcerons partout à se donner la main La puissante nature et le génie humain. Et, les premiers, voici qu'au lever de l'aurore, Tendant aux bords lointains, solitaires encore, Où le Nil se partage et court par sept canaux Jusqu'à la Grande Mer où se perdent ses eaux, Les noirs enfants de Cham, famille murmurante, A travers le désert prennent leur course errante. Arrachés aux douceurs d'un indolent repos, Us poussent devant eux d'innombrables troupeaux; Mais tous ne partent point et ceux qui disparaissent, Regrettent les parents et les amis qu'ils laissent Sur ces bords où l'Euphrate a vu leurs plus beaux jours, Ils s'éloignent au bruit cadencé des tambours, Et, lorsqu'à leurs regards le sol natal s'efface, Vers la terre en marchant ils inclinent la face. Et les enfants de Sem vont, d'un même appareil, Vers les pays qu'éclaire en naissant le soleil. Les mères sur le dos des dociles chamelles Sont assises portant leurs fils à leurs mamelles, Et les guerriers armés auprès d'elles marchant Règlent leurs pas pressés sous le rythme et le chant. Le sable du désert sous leurs pieds se soulève; Ils marchent dans la brume et vont comme en un rêve, Et le son décroissant qui s'éloigne et se perd Ne les signale plus à l'horizon désert. Et lesfilsdejaphet, race alerte et vaillante, Dirigent vers le sud leur marche impatiente.