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ET ÉDIFICES CURIEUX DE LYON I99 La démolition de cette maison entrait dans les projets élaborés sous l'empire. Or, convertir une ville en une sorte d'échiquier sans nul souci de l'histoire, du pittoresque et de l'art, c'est la rendre monotone et insipide comme toutes les villes neuves. Rue Saint-Jean. Les maisons du côté de la Saône, entre le Change et la place du Gouvernement, sur laquelle on remarque, au midi, une remarquable montée d'escalier dont M. Martin a donné la gravure. Maison des Chamariers, à l'angle de la rue de la Bom- barde, anciennement rue Porte-Froc. C'était autrefois la porte nord du cloître de Saint-Jean. Selon l'abbé Jacques, ce nom vient de Porta fratrum, parce qu'elle servait aux frères de Saint-Etienne, nom primitif des chanoines. Une autre étymologie est celle de Porta frochium, parce que les clercs ne pouvaient rentrer dans le cloître sans être revêtus de l'habit ecclésiastique, désigné sous le nom général de froc, terme appliqué plus tard à une partie spéciale du vêtement. Dans la cour de cette maison se trouve le fameux puits attribué à Philibert de L'Orme; du moins selon MM. Mar- tin et Charvet, il aurait été construit d'après les dessins de cet éminent artiste. (Voir Charvet, étude sur Philibert de VOrme, 1875). L'escalier est un modèle parfait et à cette maison se rattachent d'intéressants souvenirs. Antoine d'Estaing, fils de Gaspard d'Estaing et de Jeanne de Murol, doyen du Chapitre de Saint-Jean en 1516, la fit bâtir pour servir de logis aux chamariers. Son frère, Fran- çois d'Estaing, avait été revêtu de cette dignité en 1489 et mourut en odeur de sainteté. Les armes de cette famille sont sculptées à une clei de voûte du premier étage.