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                      DÉRIVÉS DU RHONE                      127

pour les canaux des deux rives, et qu'un tarif pour tou
les territoires irrigués. Or le canal de l'Ardèche-Gard-
Hérault, coûte infiniment plus cher que celui de l'autre
rive. Il fait donc monter considérablement le prix de revient
de l'eau. Et les riverains de gauche paient, pour faire irriguer
les riverains de droite, plus cher qu'ils ne paieraient s'ils
profitaient seuls de l'irrigation. C'est même —(soit dit en
passant)— un spectacle singulier, devoir les habitants de la
Drôme et de Vaucluse réunir leurs efforts à ceux de l'Ar-
dèche, de l'Hérault et du Gard, et poursuivre avec une
égale insistance l'exécution des canaux rive droite qui leur
coûteront fort cher et ne les intéressent nullement. Je
donnerai dans un instant le mot de cette admirable soli-
darité.
   Si donc on abandonnait le canal coûteux pour n'exécuter
que le canal rive gauche, et qu'on ne fît payer aux riverains
de gauche que le prix de leur eau personnelle, on pour-
rait peut-être ramener à 40 ou 50 francs le tarif de la
redevance.
  Ce serait assurément un progrès. Mais même dans ces
conditions économiques, la dérivation ne serait pas utilisée.
  Pourquoi ?
   Parce que les départements auxquels on offre l'irrigation,
n'en ont pas besoin. Ils ont plus d'eau qu'ils ne leur en faut.
Ils la laissent perdre. Je n'exagère rien. Je connais un
ingénieur des ponts et chaussées à Avignon, qui se plaint
et réclame, parce que l'eau des canaux d'irrigation actuelle-
ment existants, court sans emploi le long des routes et les
détériore.
  C'est qu'en effet, les départements qu'il s'agit d'irriguer
sont déjà parmi les mieux irrigués de France.